La France va devoir faire plus d’efforts pour la protection des droits de l’homme. Les violences contre les « gilets jaunes » manifestant depuis plusieurs semaines dans les rues du pays ont fait réagir la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.
Un rappel à l’ordre
Le traitement réservé par les autorités françaises aux gilets jaunes interpelle l’Organisation des Nations Unies. La Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation vient de réclamer à la France une « enquête approfondie » sur les violences policières qui émaillent la crise des « gilets jaunes ».
Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève, mercredi dernier, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, a encouragé le gouvernement français à poursuivre le dialogue et a demandé urgemment « une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force ».
Poursuivant son intervention, Mme Bachelet a estimé que les gilets jaunes manifestaient contre « ce qu’ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques ». La déclaration de la responsable onusienne intervient après plusieurs sorties médiatiques des militants français dénonçant les violences contre les manifestants. Selon le collectif militant “Désarmons-les”, 20 personnes ont été gravement blessées à l’œil depuis le début du mouvement. La présidente du groupe CRCE (majorité communiste) au Sénat, Eliane Assassi, a avancé de son côté le chiffre de « 17 éborgnés ».
Paris réplique
« Il faudra expliquer à Madame le Haut-Commissaire l’ensemble des faits d’extrême violence notamment contre les forces de l’ordre ou les biens publics ». C’est dans ces mots que le premier ministre français Edouard Philippe a choisi de répondre à la responsable onusienne en tentant de démontrer que’ « en France, on a un État de droit ». « On n’a pas attendu le Haut-Commissaire pour faire la lumière sur l’ensemble des faits dès lors qu’il y a des plaintes », a ajouté le responsable français lors d’une émission télévisée.
Selon les chiffres avancés, « 111 enquêtes ont été ouvertes » par l’Inspection générale de la police (IGPN). « 9.228 cas d’utilisation du LBD », selon un bilan provisoire daté du 30 janvier et cité par la représentante du ministère français de l’Intérieur, lors d’une audience au Conseil d’État.
Plusieurs actions ont été intentées par des syndicats et des associations pour obtenir la suspension de l’utilisation du lanceur de balles de défense (LBD). En vain. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a lui aussi réclamé dès janvier la suspension de l’usage des lanceurs de balles de défense en raison de leur « dangerosité », toujours sans succès.