Une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR) sera mise en place « dans un délai de 90 jours » en Centrafrique. Il s’agit de l’une des dispositions de l’accord de paix conclu entre le pouvoir à Bangui et les groupes armés au Soudan.
Cette Commission sera chargée de « qualifier et de proposer toute action susceptible d’être prise en matière de justice ». La question de l’amnistie pour les chefs de groupes armés, longtemps réclamée par ceux-là, n’est pas évoquée dans cet accord négocié à Khartoum pendant et signé jeudi à Bangui mais dont le contenu n’avait pas été rendu public.
Parmi les dispositions de cet accord de paix figure notamment la mise en place des « unités mixtes de sécurité » pour une durée de 24 mois, composées de soldats de l’armée régulière et de combattants de groupes armés ayant « suivi une formation adéquate de deux mois ».
Le chef de l’État garde toutefois, souligne le texte, un « droit discrétionnaire de grâce » qui pourra être utilisé pour « soutenir la dynamique de réconciliation », sans plus de détails, écrit l’AFP.
De même, la « réintégration » des dirigeants de groupes armés – pour la plupart sous mandats d’arrêt ou cités dans des rapports d’ONG pour violations des droits de l’homme – sera étudiée au « cas par cas » par une Commission mixte, précise le texte de l’accord.
Un « gouvernement inclusif »
Les 14 groupes armés signataires s’engagent à « respecter la légitimité des institutions démocratiques » de Centrafrique, ce que la plupart d’entre eux ne faisaient pas jusqu’à lors, réclamant la démission du président Faustin-Archange Touadéra.
La mise en place d’un « gouvernement inclusif », longtemps évoqué durant les négociations comme prérequis à un accord, figure dans le texte, sans plus de précisions.
Plusieurs membres de groupes armés sont déjà, soit ministres, soit conseillers à la présidence. Ces groupes, qui contrôlent 80% du territoire et combattent pour le contrôle des immenses ressources de la Centrafrique, acceptent de « renoncer au recours aux armes à la violence pour faire valoir toute forme de revendication », selon l’accord dit de Khartoum.
Cet accord de paix est le 8e depuis le début de la crise centrafricaine en 2013. Les sept précédents n’ont jamais été respectés et n’ont pas permis de mettre fin aux violences.
La Centrafrique, pays de 4,5 millions d’habitants, est classée parmi les pays les plus pauvres au monde. Une mission de l’ONU (Minusca) forte de 10.000 soldats y tente en vain de ramener la paix depuis 2014.