Le gouvernement nigérian ne voit pas de bonne œil les remarques formulées par l’Union européenne, les États-Unis et la Grande-Bretagne quant à la décision du président Buhari de suspendre le président de la Cour Suprême. Le gouvernement nigérian les a accusé d’« ingérence » dans les affaires intérieures du Nigeria.
L’Union européenne, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient en effet exprimé samedi leur « préoccupation », en réaction à la suspension du président de la Cour Suprême. Dans une première réaction, le porte-parole présidentiel Garba Shehu avait accusé l’UE, la Grande-Bretagne et les États-Unis -qui doivent envoyer des observateurs électoraux- d’ingérence dans les affaires intérieures du Nigeria. Selon lui, la position du juge Onnoghen était « intenable » et le président Buhari a été contraint de le suspendre car le magistrat avait refusé de se retirer sur une base volontaire.
Le président Buhari a suspendu vendredi Walter Onnoghen et a nommé à son poste un juge originaire du nord du pays, comme lui.
Le gouvernement nigérian s’est défendu d’avoir cherché à interférer dans les élections du mois prochain en suspendant Walter Onnoghen, le président de la Cour suprême et plus haut magistrat du Nigeria poursuivi en justice pour fraude.
« Le président de la Cour suprême n’est pas en charge de l’élection. Il n’est pas non plus le premier arbitre des plaintes électorales », a expliqué Garba Shehu, le porte-parole du président Muhammadu Buhari dans un communiqué publié dimanche soir et relayé par les médias.
Walter Onnoghen est poursuivi devant le Tribunal du code de conduite, une juridiction créée spécialement pour juger les questions éthiques. Il est accusé de ne pas avoir déclaré plusieurs comptes bancaires en dollars, euros et livres sterling.
Cette mesure a provoqué des critiques tant au Nigeria qu’à l’étranger à l’égard du président, candidat à sa réélection au scrutin du 16 février, auquel il est reproché d’avoir violé la Constitution et de tenter de manipuler l’appareil judiciaire.
La Constitution nigériane prévoit en effet que le président ne peut renvoyer le plus haut magistrat du pays qu’avec l’approbation des deux-tiers des sénateurs. Dans ce cas, le juge Onnoghen n’a pas été renvoyé, mais “suspendu”.