Félix Tshisekedi est officiellement devenu jeudi le cinquième président de la République démocratique du Congo, à l’heure d’une première alternance pacifique mais contestée.
Le nouveau président a prêté serment dans l’enceinte du palais présidentiel de Kinshasa. Avant de recevoir l’étendard national des mains du président sortant Joseph Kabila, un exemplaire de la Constitution et les armoiries, sous les ovations de milliers de ses partisans mêlés aux officiels dans l’enceinte du palais de la Nation et à proximité.
Proclamé élu par la Cour constitutionnelle samedi, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 55 ans, va officiellement prendre le relais de Joseph Kabila Kabange, 47 ans, dont 18 à la tête du plus vaste pays d’Afrique sub-saharienne. Il devra partager le pouvoir avec le camp du sortant qui a gardé la majorité à l’Assemblée nationale.
C’est la première passation de pouvoir civilisée dans l’histoire de ce pays riche en minerais. Une histoire marquée par deux coups d’État (1965 et 1997), les deux assassinats des dirigeants Patrice Lumumba en 1961 et Laurent-Désiré Kabila en 2001, et deux guerres qui ont ravagé l’est du pays entre 1996 et 2003.
Cette première historique est contestée par l’autre candidat de l’opposition Martin Fayulu, qui accuse les deux hommes de lui avoir volé la victoire dans les urnes. Il revendique 60% des voix. Mais la Cour constitutionnelle a rejeté son recours et proclamé la victoire de Tshisekedi avec 38,5% des voix.
Hormis le Kenya représenté par son président Uhuru Kenyatta, la plupart des autres pays africains avaient dépêché des représentants de rang inférieur: Tanzanie, Gabon, Namibie, Maroc, Burundi, Angola, Congo-Brazzaville, Égypte…Les États-Unis et les pays européens sont représentés par leurs ambassadeurs.
L’Union africaine et l’Union européenne dans un communiqué conjoint ont “pris note” de l’élection de M. Tshisekedi, se déclarant prêtes à travailler avec lui. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a “émis des doutes” tout en souhaitant “éviter des crises et des affrontements”.
Largement favorable au président Kabila (337 sièges sur 500), l’Assemblée nationale va faire sa rentrée lundi, près d’un mois après les élections du 30 décembre. C’est parmi cette majorité que Félix Tshisekedi va devoir choisir un Premier ministre. Les noms du directeur de cabinet du président Kabila, Néhémie Mwilanya Wilondja, et du grand patron congolais Albert Yuma circulent dans la presse congolaise, entre autres spéculations.