Enfin les électeurs congolais se rendent aux urnes, ce jour, pour choisir le successeur de Joseph Kabila. Ce dernier a usé de mille subterfuges pour se maintenir au pouvoir pendant plus de 2 ans, après la fin de son deuxième et dernier mandat.
C’est la pression forte exercée par les citoyens congolais et par la communauté internationale qui a fini par l’obliger à permettre la tenue de l’élection présidentielle.
Mais celle-ci se déroule, aujourd’hui, dans des conditions qui suscitent toutes sortes d’interrogations quant à la transparence des opérations de vote. Tout d’abord un million de citoyens habitants certaines localités comme Beni, Butembo et Yumbi, par exemple, sont privés de vote. Un report a été décidé. Ensuite, dans la capitale, Kinshasa plus de 1000 bureaux de vote ont été supprimés d’autorité.
Dans ces conditions, la fiabilité du scrutin est sujette à caution. Il s’y ajoute que, dans certaines régions gangrénées par la violence (du fait de la présence de rebelles, notamment) la sécurité des opérations électorales n’est pas garantie.
En même temps, il y a toutes les actions machiavéliques engagées par le régime de Kabila pour perturber le jeu politique national et se donner un maximum de chances pour faire gagner son protégé Shadary, victime de sanctions décrétées par l’union européenne dont l’ambassadeur à Kinshasa a été expulsée.
L’opposant Moise Katumbi a lui été empêché de rentrer dans le pays tout simplement. Jean-Pierre Bemba a vu sa candidature rejetée après un retour triomphal à Kinshasa.
Ces deux « poids lourds » de la scène politique congolaise ont choisi de soutenir le candidat Martin Fayulu qui avait été adoubé par toute l’opposition avant que Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe ne renient leur parole pour faire bande à part.
En toute logique donc, le scrutin se joue entre Shadary, Tshisekedi et Fayulu.
Le premier bénéficie de tout l’appui du régime qui n’hésitera pas à tenter le diable pour le faire gagner. Mais, si le désaveu populaire est massif et déterminé, aucune stratégie de manipulation ne pourrait prospérer.
L’opposition doit rester vigilante toute la journée et rassembler toutes les « preuves » d’éventuelles tentatives de fausser le jeu électoral démocratique. Et faire face, à chaque fois que nécessaire !
Kabila a un objectif clair : rééditer l’exemple de Vladimir Poutine en « faisant élire » Shadary comme le maître du Kremlin avait fait pour Medvedev. Il reviendrait ainsi au pouvoir par la fenêtre après l’avoir quitté par la porte.
Le problème pour lui est que son stratagème est défloré et que ses adversaires savent à quoi s’en tenir. Malheureusement pour eux, ils n’ont pas pu construire et maintenir un front uni avec un candidat unique.
Cette faiblesse est entrain d’être exploitée par le régime Kabila. Mais rien n’est encore joué. Le déroulement du scrutin permettra de faire une première évaluation, en attendant le dépouillement des votes et la proclamation des résultats prévue le 6 janvier.