Dix-neuf personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées lors des manifestations contre la hausse du prix du pain qui secouent le Soudan depuis le 19 décembre. Ces manifestations se sont transformées en l’une des plus importantes contestations en trois décennies du pouvoir d’Omar El-Béchir.
Ces manifestations ont éclaté après le triplement du prix du pain en plein marasme économique. Depuis huit jours, le Soudan est confronté à ce mouvement de contestation sociale qui touche plusieurs villes dont la capitale.
Selon un bilan des autorités, les heurts avaient d’abord fait état de 8 morts parmi les manifestants, tandis que l’ONG Amnesty International affirme que 37 manifestants ont été tués. Un des partis de la coalition au pouvoir a évoqué le chiffre de 17 morts tandis qu’une formation d’opposition affirmait que 22 protestataires ont été tués, rapporte l’AFP.
Pour rappel, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les États-Unis, la Norvège et le Canada se sont dits « inquiets » de ces violences « réaffirmant le droit du peuple soudanais à manifester pacifiquement ». L’Égypte, pour sa part, a exprimé jeudi son soutien au voisin soudanais.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri et le chef du Renseignement égyptien Abbas Kamel, se sont ainsi rendus à Khartoum pour des discussions avec le président Omar El-Béchir et plusieurs hauts responsables soudanais. « La stabilité du Soudan équivaut à la stabilité de l’Égypte », a déclaré jeudi Sameh Choukri à des journalistes à l’issue de sa rencontre avec Omar El-Béchir. « L’Égypte est prête à soutenir le Soudan », a-t-il ajouté.
Appel à la « chute du régime »
Mais au-delà des revendications sociales, les manifestants réclament aussi « la chute du régime » du président Omar El-Béchir, au pouvoir depuis 1989. Selon l’AFP, les troubles ont entraîné jeudi la démission d’Abdarouf Grnas, à la tête du ministère de la Santé pour la province du Nord.
Cette démission est la première d’un haut responsable, de surcroît membre d’un parti membre de la coalition au pouvoir, depuis le début des manifestations. Moubarak El-Fadiel, à la tête du parti Oumma pour la réforme et le renouveau, a affirmé à l’AFP qu’il s’agissait « d’une première étape, qui sera suivie d’autres mesures », sans donner plus de précisions.
Des militants et des groupes d’opposition ont de nouveau appelé à manifester dans les jours qui viennent. « Nous appelons le peuple soudanais à poursuivre ses manifestations jusqu’à ce que nous obtenions la victoire en renversant le régime », a ainsi lancé le Parti communiste dans un communiqué, relayé par les médias. Plusieurs de ses membres ont été arrêtés en marge des protestations.