De nouveaux heurts nocturnes ont éclaté dans trois villes de Tunisie après l’immolation par le feu d’un journaliste. Ce dernier voulait dénoncer les inégalités d’un pays englué dans le marasme économique malgré les acquis démocratiques de la révolution de 2011.
Abderrazak Zorgui, journaliste pigiste dans une chaîne privée locale, s’est immolé par le feu à Kasserine (ouest), une ville située dans une des régions les plus pauvres du pays. Depuis son décès, des affrontements nocturnes ont opposé quotidiennement des manifestants, essentiellement jeunes, aux forces de police.
Au total 13 personnes impliquées dans des « actes de destruction » ont été arrêtés à Kasserine, a indiqué mercredi à la presse le ministre de l’Intérieur Hichem Fourati, dénonçant des mouvements nocturnes qui « veulent porter atteinte aux biens publics et privés ». Le ministre a évoqué une possible instrumentalisation des protestataires.
Kasserine est l’une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations dénonçant l’incurie des autorités et la pauvreté endémique, manifestations qui s’étaient transformées en révolution contre la dictature. Depuis et malgré l’instauration de la démocratie, des mouvements de protestation ont régulièrement secoué Kasserine.
Selon l’AFP, la colère de la jeunesse n’est pas circonscrite à Kasserine. Des heurts violents ont opposé dans la nuit de mardi à mercredi des protestataires aux forces de l’ordre à Jebniana, au nord de Sfax, deuxième ville de Tunisie (est). Un policier a été blessé. Cinq personnes au moins ont été aussi interpellées après des troubles à Tebourba à 30 km de Tunis, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la sûreté nationale, Walid Hkima.
Rappelons que les troubles qui agitent certaines villes de Tunisie interviennent huit ans après l’immolation par le feu, en décembre 2010, d’un vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre), excédé par la pauvreté et les humiliations policières. Sa mort avait entraîné des manifestations qui s’étaient ensuite propagées à travers le pays, conduisant au renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
Depuis, et contrairement à d’autres pays touchés par le Printemps arabe, la Tunisie a consolidé sa transition démocratique. De nouvelles élections sont prévues en 2019.