Les résultats provisoires des élections législatives du 20 décembre 2018, sont publiés : le parti au pouvoir, Union pour la République (UNIR) obtient 59 des 91 sièges en jeu.
Il est suivi par l’Union des Forces de Changement (UFC) de l’opposant historique Gilchrist Olympio qui a obtenu 6 sièges, le reste des sièges, soit 26, revient aux cinq formations politiques en lice et les 10 listes indépendantes ayant pris part au scrutin.
Les chefs d’État de la CEDEAO ont tenu un mini-sommet samedi dernier à Abuja (Nigeria) et ont validé les conclusions de leur mission d’observateurs selon lesquelles : “ les élections législatives du 20 décembre 2018 au Togo ont été tenues conformément à la feuille de route, rendue publique le 31 juillet dernier par les chefs d’État et de gouvernement de l’institution communautaire pour une sortie pacifique et durable de la crise politique au Togo “.
Les élections législatives qui viennent de se dérouler le 20 décembres sont porteuses de grands changements, en dépit ou à cause du boycott, décidé par la Coalition des 14 partis de l’opposition. Première conséquence, l’UFC de Gilchrist Olympio risque de quitter définitivement les rangs de l’opposition.
Désormais, M. Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC) membre de la C-14, n’est plus le chef de file de l’opposition, où il sera supplanté par Gilchrist Olympio dont le parti (UFC) se classe deuxième à l’Assemblée nationale avec six sièges.
La nouvelle législature sera habilitée à voter les réformes édictées par la feuille de route de la CEDEAO. Enjeu majeur : limiter le mandat présidentiel à deux, avec ou sans effet rétroactif. Le sujet est de taille, puisqu’il définira si le président actuel, Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, pourrait oui ou non se représenter en 2019.
Il est vrai que le parti au pouvoir (UNIR) a perdu trois sièges par rapport à l’ancienne législature, mais vu la composition de la prochaine législature, l’on peut d’ores et déjà présager que la limitation des mandats présidentiels à deux, se ferait sans effet rétroactif, comme il est de coutume.
Or, toute la bataille de l’opposition se focalisait sur ce point nodal concernant la rétroactivité de la réforme sur le nombre des mandats présidentiels. Autre changement de grande importance : la CEDEAO a mis fin au mandat des deux médiateurs les présidents du Ghana et de la Guinée Conakry (Nana Akufo-Addo et Alpha Condé).
Cependant, l’Organisation communautaire exhorte les autorités togolaises à poursuivre, avec transparence, la mise en œuvre de la feuille de route, déjà tracée. Certes, l’opposition a pêché par son “jusqu’au boutisme“, sa politique de la chaise vide, adoptée lors des législatives et son comportement naïf à l’égard des décisions de la CEDEAO, mais elle mérite d’être repêchée, si elle accepte de faire son mea culpa en assouplissant ses positions par trop tranchées.
En outre, la CEDEAO aura commis une grande erreur, si elle abandonne le Togo à mi-chemin. Elle devrait continuer à accompagner les changements au Togo, jusqu’à la mise en place de nouvelles institutions inclusives.