La justice de Guinée-Bissau a suspendu jeudi l’enregistrement des électeurs au titre des prochaines élections législatives. Et pour cause, l’ouverture d’une enquête après le dépôt d’une plainte par plusieurs formations politiques.
Cette décision de suspendre l’enregistrement des électeurs fait ainsi planer le doute sur la tenue des prochaines élections législatives dans le pays. Prévues initialement le 18 novembre mais reportée sine die, ces législatives doivent permettre de dénouer la crise que traverse le pays depuis l’éviction en août 2015 par le président José Mario Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), auquel M. Vaz appartient également.
En raison du retard pris dans le recensement électoral, d’abord prolongé jusqu’au 20 novembre, Mario Vaz a indiqué le 15 novembre qu’une nouvelle date pour le scrutin serait fixée après la conclusion de ce processus, qui devait en principe être achevé le 5 décembre au plus tard.
Le procureur général de Bissau a donc décidé d’ouvrir une enquête après le dépôt d’une plainte par plusieurs formations politiques, dont le Parti du Renouveau Social (PRS), deuxième force politique de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest et membre du gouvernement de consensus mis sur pied en avril pour organiser les élections, selon le parquet.
Selon l’AFP, le gouvernement a « condamné fermement » vendredi une intervention des forces de l’ordre, qui ont empêché mercredi trois techniciens nigérians d’accéder aux locaux du Bureau d’Assistance Technique au Processus Électoral (GTAPE), estimant qu’elle s’inscrivait « hors du cadre juridique ».
Ces techniciens, arrivés mardi en Guinée-Bissau, travaillent pour la société ayant fourni une partie du matériel d’enregistrement biométrique des électeurs, mais des responsables politiques les soupçonnent d’être intervenus à distance sur les serveurs.
La suspension du recensement remet donc à nouveau en cause le calendrier électoral, alors que le représentant pour l’Afrique de l’Ouest du secrétaire général de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas, avait pressé fin novembre les autorités bissau-guinéennes de fixer une date précise pour les législatives et de « ne pas continuer chaque fois à repousser » l’échéance.