La chancelière Angela Merkel a de la suite dans les idées : pour aider à résoudre la crise migratoire, il faut investir en Afrique, notamment où le potentiel de croissance économique est énorme.
C’est pour quoi elle vient de lancer un fonds de 1 milliard d’euros pour financer les PME européennes et africaines sur le continent. Le choix des PME est pertinent car elles constituent un réseau dense qui se déploie dans tous les secteurs d’activités aussi bien en Europe qu’en Afrique et ailleurs.
Et elles sont très souvent confrontées à des questions de financement au niveau des banques commerciales. Mme Merkel a donc visé juste et intègre les préoccupations à la fois des Européens et des Africains.
L’Europe est entrain de perdre beaucoup de terrain en Afrique où la Chine s’est imposée comme le partenaire économique numéro un grâce à des financements massifs « non liés », en tout cas à des considérations politiciennes. Les chinois font des affaires et s’en tiennent à cela.
Les Européens ont intérêt à en faire de même, tout en ayant à l’esprit la question cruciale de l’émigration non pas pour l’éradiquer, personne ne pourra jamais le faire car il s’agit d’un droit fondamental de l’homme que de pouvoir se déplacer librement. Mais pour éviter des crises liées à des situations explosives à la fois sociales, économiques et politiques.
Le développement économique va beaucoup atténuer de telles situations potentiellement volcaniques. C’est pour quoi un effort soutenu doit être fait pour favoriser la croissance économique en Afrique et dans tous les pays du Sud.
L’initiative de Mme Merkel est à saluer car elle illustre la perspicacité politique d’une grande dame qui a marqué l’histoire de son pays et de l’Europe post-guerre froide. En accueillant plus d’un million de réfugiés dans son pays, elle a fait preuve de courage politique. Elle agit dans l’intérêt de ses concitoyens car l’Allemagne est un pays vieillissant qui a absolument besoin de bras et de sang neuf.
Les extrémistes de tous bords ont diabolisé sa démarche et provoqué le début de sa chute politique. Pourtant elle a été à la hauteur de la situation et a agi en leader éclairé, quitte à payer le prix fort. Elle a décidé de terminer son mandat et de ne plus se représenter. Elle a raison !
Son héritage reste digne d’éloge et son option euro-panafricaine témoigne à la fois et de sa lucidité et de sa générosité. L’Europe a des intérêts stratégiques en Afrique qui est le continent de l’avenir.
Mme Merkel invite à changer de regard sur l’Afrique et à accorder davantage d’attention à ce continent prometteur.