La vie revenait lentement à la normale dimanche à Mutsamudu, capitale de l’île d’Anjouan, après la prise de contrôle la veille par l’armée de la médina dans laquelle étaient retranchés depuis six jours des rebelles opposés au président des Comores, Azali Assoumani.
Les rebelles ont apparemment réussi à fuir pendant les négociations entamées vendredi entre des médiateurs locaux et un représentant du gouvernement de Moroni.
L’opération de l’armée s’est faite sans violence pour mettre fin à ce dernier épisode en date des troubles qui ont agité l’archipel des Comores à de nombreuses reprises dans le passé, et qui se solde par la mort de trois personnes. Mais les rebelles ont réussi à s’échapper et leurs armes n’ont pas été retrouvées.
Accusé d’avoir armé les rebelles, le gouverneur d’Anjouan Abdou Salami Abdou était détenu dimanche par la gendarmerie comorienne. Joint au téléphone par l’AFP quelques heures avant sa détention, le gouverneur a nié avoir « un quelconque lien avec les rebelles. Je ne les ai jamais connus, je n’ai jamais armé ces gens-là. C’est un montage ».
Membre du parti Juwa de l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, actuellement incarcéré pour corruption et détournement de biens publics, Abdou Salami s’était farouchement opposé au référendum constitutionnel du 30 juillet du président Azali Assoumani, le jugeant illégal et anticonstitutionnel.
L’armé poursuivait dimanche son opération de ratissage pour s’assurer que la vieille ville était suffisamment sécurisée, procédant à la fouille de certains domiciles. La population a été priée de rester à la maison.
Le climat politique s’est dégradé aux Comores depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet dernier. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74% de oui) a renforcé les pouvoirs du président Azaku Assoumani, l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.
Depuis 2001, la présidence était attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Il était prévu qu’Anjouan prenne la prochaine présidence.
Mais le président Assoumani, ex-putschiste élu en 2016, a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé l’an prochain, ce qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029.