La 62ème session du Congrès de l’Internationale libérale devra se tenir à Dakar (Sénégal) du 28 au 30 novembre 2018. Trois partis politiques libéraux sénégalais sont pressentis pour prendre part à l’organisation de cette rencontre : le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président de la République, M. Abdoulaye Wade ; le Parti REWMI, de l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck et l’Alliance Pour la République (APR), de l’actuel président de a République, M. Macky Sall.
La 200ème réunion du comité exécutif, tenue à Berlin en juin dernier, en avait ainsi décidé. À un peu moins de trois mois de cette échéance, le Comité directeur du PDS, tenu ce lundi 27 août 2018 à Dakar, vient d’annoncer sa décision de boycotter l’évènement voire de démissionner de l’Internationale libérale !
Le parti démocratique sénégalais (PDS), premier parti sénégalais à adhérer à l’internationale libérale menace de la quitter au moment où celle-ci décide d’honorer le pays de M. Abdoulaye Wade en y tenant son prochain congrès, prévu du 28 au 30 novembre 2018. Le motif invoqué est contenu dans un communiqué publié par le Comité directeur du PDS, suite à sa réunion du lundi 27 août 2018 à Dakar.
Dans ce communiqué, le Comité directeur affirme : « Après avoir entendu une importante communication écrite du frère Abdoulaye Wade secrétaire général national sur la situation de l’internationale libérale, le comité directeur a décidé de boycotter la réunion prévue a Dakar au mois de novembre, de manifester sa désapprobation et de démissionner de l’internationale libérale si celle-ci maintenait sa décision de tenir la réunion à Dakar, alors {que} aussi bien Amnesty International que la plupart des associations de défense des droits de l’Homme continuent de dénoncer de graves violations des droits de l’Homme et un net recul de notre démocratie avec une justice aux ordres qui rend la justice au nom de Macky Sall. Le PDS ne pourra pas rester membre d’une internationale qui cautionne un tel régime. », déclare le Comité directeur qui menace également d’empêcher la tenue d’élection présidentielle au Sénégal, au cas où son unique candidat Karim Wade, fils du secrétaire général n’y participe pas.
Cette décision de boycott est d’autant plus étonnante que le Secrétaire général national du PDS, M. Abdoulaye Wade a toujours récusé la politique de la chaise vide. Il s’y ajoute que le prochain congrès des libéraux était déjà annoncé comme une opportunité que saisirait Karim Wade, candidat du PDS à la présidentielle de 2019, pour rentrer définitivement au bercail !
En effet, M. Wade fils, vit au Qatar depuis son élargissement de prison, suite à une grâce présidentielle, accordée par le Président Macky Sall en juin 2016. On se rappelle que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) de Dakar avait condamné Karim Meïssa Wade en mars 2015, à une peine de six ans d’emprisonnement et à une amende de 138 milliards de FCFA (environ 209 millions d’Euros).
Il se dit également dans les coulisses que le congrès des libéraux permettra, entre autres, de réconcilier les partis libéraux sénégalais, à savoir le PDS, REWMI et APR. Il est quasiment évident qu’une telle retrouvaille de la famille libérale, ne pourrait se réaliser qu’autour du secrétaire général de l’APR, actuel Président de la République.
Dans ce cadre, la presse sénégalaise a d’ailleurs maintes fois évoqué l’existence d’un « dialogue à distance » entre l’ancien Président M. Abdoulaye Wade et son successeur, le Président Macky Sall. On susurre que ce « dialogue à distance » entre frères libéraux aurait été interrompu par l’intransigeance de Karim Wade pour la récupération de ses biens, saisis et le non paiement de l’amende pécuniaire que la Crei lui a infligée, demande pour la satisfaction de laquelle, le Président Macky Sall se dit incompétent, parce qu’il s’agirait, selon le Président Sall, d’une prérogative appartenant exclusivement au peuple souverain du Sénégal.
Ce serait dommage, si les protagonistes ne trouvent pas un terrain d’entente, d’autant que le Président Macky Sall est non seulement, le successeur du Président Abdoulaye Wade, mais il est aussi, le digne continuateur de son œuvre, l’aéroport international Blaise Diagne, en est une illustration parfaite.
Le Président Wade, qui souhaitait que les libéraux « continuent à gouverner le Sénégal pendant une cinquantaine d’années », est à même de comprendre, que le Président Macky Sall constituerait, à coup sûr, un maillon indispensable pour la réalisation de son rêve.
Ainsi, pourrait-t-on se demander, si les menaces de boycott et de démission, brandies par le parti démocratique sénégalais, seront-elles mises en exécution, ou s’agirait-il, d’une simple surenchère, pour que les frères libéraux exercent le maximum de pression sur « le frère Président », afin qu’il aille au-delà des limites d’une grâce présidentielle ?