Pascal Affi Guessan, leader du front populaire ivoirien (parti de l’ex-président Laurent Gbagbo) triomphalement réélu, tend la main à Henri Konan Bédié, patron du PDCI, en conflit ouvert avec le chef de l’État Alassane Ouattara, son allié.
Si cette main tendue était acceptée, un véritable séisme politique se produirait en Côte d’Ivoire. La balle est dans le camp de Bédié qui est, plus que jamais, le maître du jeu, dans la mesure où son choix va déterminer tout le reste. Faut-il rappeler que dans le passé, Bédié avait appuyé et fait la propagande pour le concept absurde d’« ivoirité » ?
Toutes les dérives qui ont eu lieu après, sont liées à cette première salve xénophobe qui a terni durablement le pays de Houphouët Boigny. Bédié d’ailleurs perdra le pouvoir de manière humiliante. C’est son choix de faire alliance avec Ouattara qui l’a remis en selle pour un partage du pouvoir qui dure depuis une décennie.
Maintenant il semble déterminé à le reconquérir, en personne ou avec un autre candidat PDCI. Ouattara ne l’entend pas de cette oreille et préconise une candidature unique avec le RHDP unifié ; ce que rejette Bédié. Le conflit s’est approfondi avec l’exclusion du PDCI des ministres PDCI membres du gouvernement qui ont rejoint le RHDP.
C’est dans ce contexte de crise aiguë qu’il faut considérer l’offre d’alliance du FPI. Pascal Affi Nguessan qui est lui aussi contesté par certains partisans de Gbagbo s’engage dans un poker politique dans lequel, il n’a rien à perdre. Il donne du grain à moudre à Bédié qui a ainsi un atout supplémentaire dans son bras de fer avec Ouattara.
Une alliance PDCI/FPI aura des accents nationalistes voire xénophobes, tout ce dont la Côte d’Ivoire n’a plus besoin. Mais les crises politiques accouchent de situations imprévisibles.
Ouattara a ouvert la boite de Pandore en faisant un remaniement sans informer Bédié, en reconduisant des ministres PDCI, sans l’aval de son allié, en les poussant à défier le patron de leur parti, et en portant, seul, le RHDP unifié sur les fonts baptismaux.
Toutes ces choses qui ont obligé Bédié à réagir vigoureusement, en excluant de son parti les ministres rebelles et en refusant de rejoindre le RHDP unifié. La rupture n’est pas encore consommée mais le mal a déjà été fait.
Les élections locales du 13 octobre vont être l’ultime test car si le PDCI et le RDR ne font pas listes communes, l’alliance va s’effondrer. Alors une recomposition politique aura lieu dans un pays qui sera en proie à l’incertitude.
Ouattara a ouvert la boite de Pandore à ses risques et périls. Un basculement est dans l’ordre du possible. Mais, pour le moment c’est Bédié qui a la main.