L’Afrique veut prendre son avenir en main. Les prémices du changement dans le continent nous viennent cette fois du Sénégal. Le président Macky Sall, vient de faire un premier pas vers la transparence dans la gestion des ressources naturelles dans les pays de la région. En attendant de voir d’autres pays lui emboiter le pas, le Sénégal est aujourd’hui le seul pays à ouvrir un dialogue national sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.
« Macky Sall : Le moment est venu de renégocier les contrats portant sur les ressources naturelles en Afrique », c’est ainsi que titrait, le 7 mai dernier, l’antenne africaine du journal français « La Tribune ». Qualifiant ce discours de révolutionnaire et d’inédit en Afrique, même les plus optimistes ne pensaient pas qu’un pays africain pouvait ouvrir le débat sur une telle question sensible. Et pourtant, le Sénégal vient de le faire dans un grand moment démocratique de l’histoire de ce pays. En lançant le dialogue national sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, le Sénégal entame une nouvelle phase dans la gestion transparente des ressources du pays.
Un dialogue inédit
Ce mardi 12 juin marque une nouvelle étape dans la gestion de la chose publique au Sénégal et dans tout le continent africain. En effet, dès 10h du matin, des centaines de sénégalais, responsables et simples citoyens ont fait le déplacement au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD), avec l’ambition de contribuer à instaurer une gouvernance inclusive et transparente des ressources naturelles de ce pays.
En présence du président sénégalais, Macky Sall, le Directeur général de la Société de pétrole du Sénégal (PETROSEN), Mamadou Faye a passé en revue les chiffres actualisés relatifs à l’exploitation du pétrole et du Gaz. Rien que pour les ressources gazières, des revenus totaux de plus de 150 milliards de dollar US (84.000 milliards de Francs CFA) sont à prévoir a estimé l’expert en rappelant que des dépenses de près de 60 milliards de dollars devront être effectuées pour atteindre les objectifs escomptés.
Vue l’importance de ces ressources, le Sénégal est bien décidé à en tirer profit au maximum. Suivant cette logique, le gouvernement Sénégalais a adopté une nouvelle méthode de négociations avec les multinational pour l’exploitation des différents champs pétroliers et gaziers. En effet, Le secrétaire permanent adjoint du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-PETROGAZ), la part de l’État du Sénégal représente 52 à 66% des profits.
Un président à l’écoute
Présidant les travaux de démarrage de ce dialogue, le président Sénégalais a privilégié la transparence dans le traitement de cette question sensible et souvent sujette à controverse qu’est la gestion des ressources naturelles. Conviant société civile, familles religieuses, parlementaires de la majorité et de l’opposition, les opposants au régime, partenaires économiques et financiers ainsi que les représentations diplomatiques, le président s’est livré au jeu des questions réponses avec les participants.
Sans complexe, le chef de l’État n’a pas hésité à répondre aux questions posées, même les plus difficiles. Optimiste mais prudent quant à l’avenir du pays, le responsable a fait savoir qu’il était impératif de prendre des mesures conservatoires visant à préserver la nation de toutes externalités négatives liées au développement de l’industrie pétrolière. Répondant aux questions relatives aux risques auxquels font face les pays soudainement pourvus de richesses ou de ressources, le président a affirmé que si le pays poursuit le dialogue autour de cette question et qu’il parvient à renforcer la transparence dans la gestion de ces ressources « elles iront dans le développement réel du pays et au bénéfice des populations sénégalaises ».
Avec cette nouvelle ouverture sur la population et ce grand pas vers la transparence dans la gestion des ressources du pays, le président Sall semble avoir booster de nouveau sa popularité auprès du peuple. La multiplication des actions de ce genre a déjà provoqué l’ire de l’opposition qui n’arrive plus à suivre le rythme. En effet, éclaboussée par plusieurs scandales de corruption, l’opposition sénégalaise recule sur tous les sondages depuis quelques mois. À l’approche des élections dans ce pays africain, les erreurs stratégiques se sont multipliés chez ses leaders. La dernière en date est celle de l’ancien premier ministre, Idrissa Seck. S’attaquant aux fondements de l’Islam dans une sortie médiatique, ce candidat à la présidence a été fortement critiqué par les sénégalais et les musulmans dans le monde.