Le président ivoirien élu en 2010 et réélu en 2015 estime être en mesure de briguer un 3ème mandat. De son point de vue la Constitution votée en 2016 l’autorise à se présenter en 2020 car « elle remet les compteurs à zéro et ses deux mandats ne comptent donc plus ».
Cette interprétation est battue en brèche et par les opposants et par ses alliés du PDCI qui réclament une alternance à leur profit en 2020, à la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Ouattara.
Cette sortie médiatique du président ivoirien risque de susciter un tollé dans la classe politique et pire, de secouer un pays encore en convalescence. Ouattara n’ignore pas cela et s’il fend l’armure c’est parce qu’il a des idées derrière la tête.
Est-il vraiment déterminé à se lancer dans la quête périlleuse d’un troisième mandat ?
Certains de ses actes pourraient le laisser penser : pourquoi insister sur la création d’un parti unifié RHDP qui est une coalition, pour le moment ? Pourquoi se brouiller avec Bédié, patron du PDCI son principal allié ? Pourquoi avoir arrêter le bras droit de Guillaume Soro, un de ceux qui lui ont permis de vaincre en 2010 ? Et soulever la question des armes qu’il connaît très bien ?
Comment expliquer les actions sociales spectaculaires de son épouse dont l’inauguration d’un hôpital ultra-moderne dont le coût se chiffre en milliards de FCFA ?
À l’évidence Ouattara n’agit pas comme un futur retraité. Mais, si sa déclaration fait débat ; elle suffit pas pour se faire une religion. Il pourrait s’agir d’un ballon de sonde pour piéger les ambitieux trop pressés qu’ils soient des alliés ou des camarades du parti RDR.
Quoiqu’il en soit Ouattara a manqué de prudence car la Côte d’Ivoire est un pays encore fragile, pas tout à fait remis des crimes de sang occasionnés par la guerre civile précédant le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir et son extradition à la CPI.
Son procès est en cours et ses partisans sont toujours mobilisés dans le pays.
Maintenant que le président a franchi le Rubicon de la déclaration même floue, les langues vont se délier et la coalition du RHDP sera plus menacée que jamais.
Et c’est la stabilité du pays tout entier qui est en jeu, voire celle de toute l’Afrique de l’Ouest francophone dont la locomotive économique est la Côte d’Ivoire.
Ce serait dommage que des querelles politiciennes remettent en cause le boom économique actuel du pays qui compte parmi ceux dont la croissance est l’une des plus fortes dans le monde.
Ouattara a lancé une bombe politique. Elle va faire des dégâts.