Demain(mardi) le premier ministre Fayez al Sarraj et le Maréchal Khalifa Haftar vont se retrouver à Paris pour un nouveau sommet parrainé par le président Macron. 2O pays seront représentés dont les 5 membres du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les présidents de la chambre des représentants et du Conseil d’État, Aguila Salah et Khaled Mishri seront aussi de la partie.
Il y a un an, Macron avait tenté le pari de relancer le dialogue inter-libyen en organisant une conférence internationale à la Celle-Saint Cloud. Ce fut un échec car Sarraj et Haftar n’ont pas voulu jouer le jeu. Cette fois-ci, encore rien n’est garanti mais si toutes les personnalités annoncées sont présentes ; ce serait un pas important qui serait franchi.
L’objectif est d’élaborer une feuille de route consensuelle pour que des élections présidentielles et législatives puissent être organisées d’ici la fin de l’année. Dans le contexte actuel où la violence est quotidienne et que des attentats terroristes sont perpétrés, notamment à Benghazi, il est difficile de croire que tout puisse être réglé dans la capitale française. Même avec l’appui de l’ONU et de 20 pays de « bonne volonté ».
Il faut cependant louer l’initiative diplomatique du président français qui témoigne de son engagement à aider à résoudre la crise libyenne qui a des conséquences dramatiques sur le Sahel.
La situation sécuritaire désastreuse de cette région où sont engagés des milliers de soldats français (opération SERVAL, et maintenant BARKHANE)ne va pas s’améliorer tant que le chaos libyen va perdurer.
Le problème est que cette situation chaotique arrange beaucoup de monde. Les divisions libyennes ont certes des causes endogènes liées à la structuration du pays(tribus, zones géographiques, gestion politique spécifique pratiquée par Kadhafi pendant plus de 40 ans). Mais à des influences extérieures occidentales et arabes. Sera-t-il encore possible de gouverner ce pays comme l’a fait Kadhafi ? Rien n’est moins sûr !
Sarraj imposé par les Occidentaux a une autorité qui s’arrête dans le périmètre de Tripoli, et encore. Haftar est bien l’homme fort de l’Est, mais ses récents ennuis de santé l’ont fragilisé.
Seif Al Islam a réussi à revenir dans le jeu politique sans obtenir la possibilité d’y participer pleinement du fait des restrictions décrétées par la cour pénale internationale(CPI). Ces nombreux soutiens font des pieds et des mains pour le faire « blanchir ». Ce que, normalement la loi d’amnistie lui garantit.
Cependant sa sécurité est toujours menacée et sa liberté de mouvement incertaine. Pourtant presque tout le monde a besoin de lui vivant pour la localisation et l’éventuelle récupération des sommes faramineuses éparpillées dans le monde. Et qui appartiennent au peule libyen. Encore faudrait-il que celui-ci soit représenté par des hommes et des femmes élus démocratiquement et qui auront donc une légitimité sans tâche.
On le voit, le débat est à la fois politique et économique. Et les enjeux sont énormes concernant le « trésor caché » mais aussi la manne pétrolière à exploiter. Le chaos libyen offre bien des opportunités aux barbouzes en tous genres. Il favorise tous les trafics et tous les pillages.
L’hirondelle d’une conférence n’annonce pas nécessairement le printemps. Mais il faut vivre d’espoir !