Plus de huit heures en continu, des dizaines d’intervenants membres de l’élite sénégalaise dans toute sa diversité : chefs religieux, dignitaires coutumiers, leaders d’organisations de la société civile et dirigeants de partis politiques dont le représentant du PDS (Parti Démocratique Sénégalais) – principale formation de l’opposition… Le coup d’envoi du Dialogue politique national a été un événement qui fera date au Sénégal.
Macky Sall interpellé librement et publiquement devant des millions de Sénégalais
Et ce d’autant qu’une première décision a été prise par le président Macky Sall de pérenniser ces retrouvailles inédites en instituant la journée du 28 mai comme celle du Dialogue politique national.
Les hommes politiques de premier plan comme Idrissa Seck qui ont choisi de boycotter ce rendez-vous ont raté le coche. Tous les intervenants ont pu s’adresser au chef de l’Etat en toute liberté publiquement et en se faisant entendre par des millions de citoyens qui ont pu suivre en direct la cérémonie diffusée par la Radio Télévision Sénégalaise (RTS).
Pendant cette séance marathon, les différents orateurs qui se sont succédé ont pour les uns félicité le président Sall, pour les autres passé au crible son action en tant que chef de l’Etat et chef de parti.
M. Oumar Sarr, coordonnateur du PDS, a fustigé les pratiques de harcèlement dont sont victimes ses camarades de parti dont beaucoup ont été incarcérés ou interdits de sortie du territoire. Il a mis en exergue l’impératif d’auditer le fichier électoral, de respecter la calendrier électoral et a demandé la suppression de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI). Le représentant du PDS a également dénoncé la protection dont bénéficient les « transhumants » qui rallient le parti présidentiel APR. Enfin il a souhaité qu’une solution soit trouvée pour le cas Karim Wade et celui des autres militants du PDS emprisonnés « dans une nouvelle ère de dialogue et d’apaisement ».
Une ambiance sereine voire décontractée
Dans son discours de clôture, le président Macky Sall a affirmé accepter les critiques et s’astreindre à ne pas répondre à certaines formulées en la circonstance alors qu’il pourrait donner des explications claires. Il a réitéré sa volonté d’écouter l’opposition, les syndicats et les patrons du secteur privé dans un dialogue sincère et ouvert.
Il faut retenir que cette séance inaugurale s’est tenue dans une ambiance sereine voire décontractée. Le président Macky Sall ne s’est pas par exemple privé de taquiner Oumar Sarr qui le lui rendait bien. D’où des rires spontanés qui ont donné à l’événement un cachet tout particulier, mettant en lumière la culture sénégalaise fondée sur la concertation et le dialogue.
Maintenant que le coup d’envoi est donné, le dialogue va s’organiser à travers la mise sur pied de commissions et d’ateliers, le tout supervisé par un comité de pilotage.
L’audit du fichier électoral et la mise en œuvre des quinze points adoptés lors du référendum du 20 mars vont certainement constituer des priorités.
Il faut souhaiter que l’élan du 28 mai brise définitivement la glace entre le pouvoir et l’opposition sénégalaise. Mais c’est la mise en œuvre du dialogue qui devra en apporter la preuve.