Quelques heures après avoir promulgué la nouvelle constitution du pays et nommer son nouveau gouvernement, le président tchadien Idriss Déby Itno a rencontré ses opposants et plusieurs membres de la majorité au pouvoir. Le chef de l’État tchadien avait à cœur d’échanger avec ses interlocuteurs sur la reprise du dialogue politique.
Le président Idriss Déby Itno ne voulait pas vraiment entendre l’avis de l’opposition tchadienne sur le nouveau texte constitutionnel avant sa promulgation ou sur la formation du gouvernement. Le timing choisi par le chef de l’État tchadien surprend.
Relance du dialogue national
Alors que beaucoup dénoncent encore la méthode avec laquelle la nouvelle constitution est passée, le président Idriss Déby Itno n’a pas de temps à perdre. Mardi dernier, l’opposition tchadienne et plusieurs membres de la majorité se sont rendus au palais présidentiel, où le numéro un tchadien les attendait pour échanger sur la reprise du dialogue entre majorité et opposition. Pour lui, il s’agit bien d’une urgence alors que les échéances pour les élections législatives s’approchent.
« L’urgence est là avec l’organisation cette année des élections législatives », a souligné le président Déby. Dans son intervention, le chef de l’État a demandé à ses interlocuteurs que soit rouvert le dialogue politique. À ce propos, il a formulé deux propositions dont la classe politique devrait choisir une.
« Il s’agira soit de restaurer le Cadre national du dialogue politique (CNDP), soit de créer une autre structure regroupant opposition et la majorité présidentielle. Chaque camp dispose d’un délai d’une semaine pour désigner son représentant au sein de la nouvelle structure ou du CNDP » a indiqué Idriss Déby Itno.
Lors de l’entretien avec le chef de l’État, le coordinateur du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (FONAC), principale coalition de l’opposition, Mahamat Ahmat Alhabo, a rappelé que l’opposition n’a jamais cessé d’appeler à un dialogue « inclusif et sincère » pour la résolution des problèmes du pays.
« De ce fait le FONAC est pour le dialogue surtout que des échéances électorales sont annoncées », a déclaré le responsable qui représentait quelques partis de l’opposition.
L’UE soutient le Tchad
La relance rapide du dialogue par le président Idriss Déby Itno peut sembler être une réponse positive à un appel lancé plus tôt le samedi 5 mai par l’Union européenne (UE).
Le lendemain de la promulgation de la nouvelle constitution du Tchad consacrant l’entrée dans la Quatrième République, la porte-parole du Service européen pour l’action extérieure, Maja Kocijancic, avait déclaré que l’UE estimait que « le processus menant à son adoption n’a pas été mené de façon suffisamment inclusive, comme requis par une démarche aussi fondamentale ».
Elle a indiqué que l’Union avait vu d’un bon œil l’appel à la relance du CNDP, appelé à organiser la concertation au sein de la société tchadienne, qui a été lancée par le président Idriss Deby Itno lors de la promulgation de la nouvelle constitution tchadienne le 4 mai dernier.
« L’Union européenne reste prête à soutenir le Tchad pour qu’un véritable dialogue politique inclusif ait lieu dans ce contexte, respectant les libertés fondamentales, et offrant à tous les tchadiens l’opportunité de participer pleinement à la vie politique, économique et sociale du pays.
Elle note à cet égard l’opportunité créée par l’annonce de la tenue d’élections législatives et la refonte de la Commission électorale », a ajouté Maja Kocijancic.