Le président Alpha Condé sort de son silence assourdissant et semble en colère contre les journalistes guinéens « qui cassent l’image du pays ».
Dans « l’affaire Bolloré », il affirme que : « aucun de vous n’a cherché à connaître quelle est la vérité ». Il ajoute qu’« il va porter plainte en France pour dénonciation calomnieuse ».
C’est très bien mais ne risque-t-il pas de mettre les pieds dans un piège judiciaire qui, autrement pourrait l’épargner tant qu’il est chef d’État ?
S’il porte plainte, il ouvre aussi des portes où pourraient s’engouffrer les juges français et ses adversaires politiques.
Parce que « l’affaire Bolloré » fait beaucoup de bruit et interpelle le pouvoir guinéen dans ses relations avec l’homme d’affaires français mis en examen pour « corruption d’agent public étranger », « complicité d’abus de confiance » et « faux et usage de faux ».
Les conditions de l’obtention de la concession du terminal à conteneurs du port de Conakry attribué à Bolloré par décret présidentiel en mars 2011 sont visées par les juges Serge Tournaire et Aude Busesi.
Si, effectivement le président Condé porte plainte « pour dénonciation calomnieuse » dans cette affaire, n’ouvrirait-il pas la boite de Pandore ? Son régime ne sera-t-il pas l’objet d’une attention plus soutenue par les médias internationaux alors que les violences politiques gangrènent son pays ?
Les rumeurs concernant sa volonté de se présenter à un troisième mandat-que lui interdit la Constitution-vont enfler. Et justement les journalistes vont lui poser directement la question.
Le problème qui demeure est que la démocratie guinéenne a, encore, de nombreux défis à relever pour être aussi crédibles que celles de pays comme le Cap-Vert, le Ghana, le Sénégal, le Bénin etc.
La lutte contre la corruption est assurément une priorité pour que les ressources de l’État et le potentiel immense de la Guinée soient mobilisés pour développer la pays et y combattre la pauvreté.
L’avènement d’Alpha Condé, opposant historique, avait suscité beaucoup d’espoir. Aujourd’hui le printemps annoncé n’est pas de saison. Il est finalement souhaitable que Alpha Condé porte plainte en France. La Guinée sera en pleine lumière pour des débats que personne ne pourra circonscrire.
Mais il faudra attendre que le président Condé porte plainte. Contre X ou Y ?