La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) vient d’entrer en ligne dans le dossier de la crise que traverse le Togo depuis le 19 août 2017. L’organisation s’est en effet inquiétée de la situation dans le pays soulevant au passage le manque d’alternance au sommet de l’État comme un des points de discorde. « La FIDH est particulièrement préoccupée par la situation au Togo. Cette situation est marquée en effet par une profonde crise sociopolitique avec en toile de fond, le problème de l’alternance et de la gouvernance démocratique avec son corollaire de violations des droits civils et politiques, mais aussi une ébullition du front social notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation » a déclaré l’organisation.
S’exprimant à travers une déclaration annoncée dans le cadre de la 62ème session de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à Nouakchott (Mauritanie) qui se tient du 25 avril au 5 mai.
Les représentants de la FIDH ont relevé que le Togo n’a jamais connu d’alternance démocratique et reste le seul pays de la sous-région qui se refuse de faire le pas pour marquer sa volonté d’adhérer aux principes énoncés, dans la déclaration de vision 2020 de la CEDEAO, notamment celui relatif à la gouvernance démocratique.
L’Union africaine sollicitée
Pour la FIDH, résoudre le problème togolais, requiert l’intervention de l’Union africaine. « La FIDH exhorte l’Union africaine à œuvrer aux côtés du peuple togolais », peut-on lire dans la déclaration de la FIDH.
Selon l’organisation internationale de défense des droits humains, « la CADHP devrait organiser une visite pour échanger avec les acteurs impliqués dans la crise, et revigorer le dialogue en cours, pour conduire une enquête impartiale qui lui permettrait de constater les multiples cas de violations des droits humains soulevés et décriés. Et aussi de lancer un appel pressant aux autorités togolaises à libérer tous les prisonniers politiques et les défenseurs des droits humains encore en détention dans les prisons du pays ».
Concernant les cas de violation des droits, la FIDH s’est montrée très choquée, en rappelant que les revendications des populations dans le sens de l’alternance sont, « sévèrement réprimées par le pouvoir en place qui utilise la police, la gendarmerie et surtout l’armée pour massacrer des citoyens par des coups de matraque, des tirs à bout portant de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et même quelques fois de balles réelles », signale la FIDH.
« La liberté de manifestation est en proie à de sérieuses violations au Togo et des manifestations de protestations projetées sont désorientées par l’autorité administrative ou à défaut, systématiquement interdites, et les organisateurs interpellés et poursuivis pénalement », a ajouté l’organisation.
Par ailleurs, en ce qui concerne le dialogue politique mené sous la coupole du président ghanéen Nana Akufo-Addo et aujourd’hui mis en veille, la FIDH dénonce ce qu’elle appelle « un jeu du pouvoir ».
Selon elle, ce dialogue semble constituer pour le camp du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé une occasion de gagner du temps afin d’organiser « en solo, des élections frauduleuses».