Rached Ghannouchi, leader de Ennahda a réussi son pari de faire voter aux membres de son parti « la sortie de l’islam politique ».
Le dixième congrès du parti Ennahda tenu à Hammamet a officialisé ce choix en présence de nombreux adhérents et d’invités venus de toutes les régions de la Tunisie.
Cependant l’orientation politique de Ennahda reste floue lorsque son leader affirme par exemple : « Nous sortons de l’islam politique pour entrer dans la démocratie musulmane ». Comprenne qui pourra.
Quel positionnement sur l’échiquier politique
Le problème est que la formation dirigée par M. Ghannouchi a de sérieuses difficultés à se positionner sur l’échiquier politique tunisien, fortement marqué par l’héritage du premier président du pays Habib Bourguiba. L’institution du Code du statut personnel en 1957 qui a interdit la polygamie et consacré les droits des femmes dans de nombreux domaines constitue un acquis auquel les citoyens sont très attachés. Ces derniers dans leur grande majorité ne peuvent accepter aucun corset, fut-il islamique.
Ennahda l’a appris à ses dépens. Après une large victoire lors des élections de 2011 suite au départ de Ben Ali, le parti a subi une défaite aux élections législatives de 2014. C’est alors le parti Nidaa Tounes du président Béji Caïd Essebsi qui s’était imposé.
Prendre ses distances avec l’islam politique
M. Ghannouchi a tiré les leçons de cet échec et a compris que son parti devait prendre ses distances avec l’islam politique pour rassurer encore davantage les électeurs. La décision de ce jour est donc une opération séduction. Sera-t-elle efficace ? Rien n’est moins sûr.
Ennahda constitue déjà une force politique majeure en Tunisie. Toutefois, en l’état actuel des choses, l’étiquette islamique qui lui est collée reste un boulet qui l’empêche de conquérir le pouvoir suprême.
Ghannouchi essaie donc de manœuvrer en changeant l’emballage. Les citoyens tunisiens vont apprécier.