Afrique Confidentielle lance une série de sondages de popularité réalisés dans plusieurs pays africains. La première de ces enquêtes statistiques réalisées par l’institut CS-Smart pour notre Rédaction en République démocratique du Congo ne crée pas de réelle surprise. La super star Koffi Olomide, artiste-chanteur, occupe la première place des personnalités préférées des Congolais.
Surprise à la deuxième place
Il est cependant surprenant que Vital Kamerhe s’adjuge la seconde place du podium et par là même la première parmi les hommes politiques du pays. L’homme est crédité d’une certaine aura personnelle et jouit d’un respect profond de la part de ses concitoyens. A son capital confiance il faut donc ajouter une cote de popularité appréciable, même s’il faut tenir compte des variations importantes d’une région à l’autre de ce vaste pays qu’est la RDC.
Ce sondage de l’institut CS-Smart couvre l’ensemble du territoire, rendant ses résultats fins et pertinents. Sur le plan politique, l’enquête révèle l’effondrement du président Joseph Kabila dont l’impopularité record traduit un ras-le-bol généralisé de ses concitoyens.
Les quatrième et cinquième places respectivement occupées par Aubin Minaku et Moïse Katumbi, peuvent par ailleurs entretenir l’espoir chez ces deux hommes politiques ambitieux.
En ce qui concerne M. Katmbi, le défi est de taille car si sa popularité dans le Katanga est indiscutable, il ne perce pas au regard de l’enquête CS-Smart dans la région de Kinshasa qui demeure la plus peuplée. Sans doute l’acharnement du régime à son encontre pourrait-il finir par l’imposer comme figure nationale.
Kabila : maigre bilan pour quinze ans de pouvoir
Il n’en reste pas moins vrai que Vital Kamerhe le devance de plus de quinze points et apparaît en pole position, même si une cote de popularité ne se convertit pas nécessairement en votes dans les urnes.
Quoiqu’il en soit la position de Moïse Katumbi est beaucoup plus enviable que celle du président Kabila qui suscite de nombreuses interrogations. Comment en plus de quinze ans de pouvoir – l’intérim assuré après l’assassinat de son père et deux mandats de cinq ans chacun – Joseph Kabila a-t-il pu à ce point se mettre à dos les citoyens congolais ?
Il est vrai que son bilan est maigre sur les plans politique et des réalisations infrastructurelles. Il a surtout échoué à réconcilier les Congolais et à ramener paix et sécurité dans le pays. De multiples rebellions continuent en effet de déchirer beaucoup de régions comme le Kivu, et sans la présence massive des casques bleus onusiens le pouvoir de l’actuel président serait menacé.
Dans ce contexte très tendu, Joseph Kabila a intérêt à respecter la limitation des mandats et à ne pas tenter le diable en cherchant à passer en force pour un troisième mandat.
Jean-Claude Masangu à la troisième place
La question est de savoir si le président congolais va entendre la voix de la raison ou replonger son pays dans la violence. Il a le choix. En tout cas l’impopularité qui est la sienne devrait lui dicter une sortie honorable qui lui éviterait des lendemains qui déchantent.
Quant aux politiciens qui ont les faveurs de l’opinion, cela ne doit pas pour autant leur monter à la tête. Les enquêtes de popularité sont une photographie fiable à un instant T. Le sentiment de popularité qu’ils mesurent peut varier très rapidement d’un moment à l’autre sans toujours des raisons objectives apparentes.
Les personnalités non-politiques devraient pour leur part apprécier davantage leur cote de popularité dans la mesure où elles ne courent pas après les votes des citoyens. A cet égard la troisième place de Jean-Claude Masangu, ancien Gouverneur de la banque centrale de la RDC, est remarquable. Les citoyens récompensent ainsi le travail abattu pour assainir les finances publiques et permettre à l’économie nationale de renouer avec la croissance. L’homme dont la compétence et la rigueur sont reconnues par tous ses compatriotes cultive aussi discrétion et humilité. Il complète donc le podium de ce premier sondage de popularité CS-Smart qui en dit long sur la maturité des Congolais. Ces derniers identifient les personnalités les plus dévouées à leur cause et qui portent haut l’étendard national dans différents domaines.
Un point de référence pour observer l’évolution de l’opinion congolaise
Il faut toutefois retenir que la popularité n’est pas nécessairement un sésame politique. Le choix politique intègre d’autres paramètres comme le charisme, l’autorité, la compétence, l’éloquence, etc.
Dans d’ailleurs presque tous les pays consultés, les hommes politiques ne sont pas en tête des personnalités préférées. Ils en font certes partie, mais se placent souvent loin derrière les hommes de spectacle, les artistes, les sportifs, ou les grands intellectuels.
Un sondage est toujours riche d’enseignements. Celui de CS-Smart mérite d’être examiné de manière minutieuse, car à l’heure où la RDC vit un moment déterminant de son histoire, il est un excellent témoin de l’évolution possible de l’opinion congolaise.