C’était une promesse électorale de Donald Trump. La renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) s’est ouverte mercredi à Washington. Les débats s’annoncent épineux entre les trois pays signataires.
Longtemps l’administration Trump aura fait planer le spectre de la rétractation pure et simple de l’accord de libre-échange nord-américain Aléna. Finalement, c’est la voie des négociations qui a été privilégiée. Les représentants des signataires, le Canada, les États-Unis et le Mexique, se réuniront dans la capitale américaine de mercredi à dimanche pour un premier round de discussions à Washington. Les débats promettent d’être houleux.
Qu’est ce que l’Aléna ?
L’Aléna est une vaste zone de libre-échange qui réunit les 478 millions d’habitants des États-Unis, du Canada et du Mexique. Elle a progressivement éliminé la plupart des barrières douanières et financières entre les trois pays. Les flux commerciaux sont facilités, de même que la mobilité des entreprises et des capitaux au sein de la zone. Ce n’est qu’en 2008 que les derniers droits de douane sont tombés, même si des exceptions, comme celle du bois de construction, subsistent.
Pourquoi le renégocier ?
Malgré cette coopération apparente, de nombreux conflits demeurent. Les détracteurs du traité lui reprochent de détruire des emplois et d’être inéquitable, chacun prétendant que son voisin ne joue pas selon les règles de la concurrence.
Ses défenseurs, quant à eux, mettent en avant l’augmentation du volume des échanges et l’accélération de croissance qui en découle. Donald Trump en avait fait une de ses cibles favorites lorsqu’il était candidat à la présidence des États-Unis. Il avait qualifié l’accord de «désastre» et tapé à bras raccourcis sur ses partenaires. Selon lui, l’Aléna détruit des milliers d’emplois américains au profit du Mexique, et le Canada use de pratiques commerciales «injustes». À l’heure où le président américain peine à tenir ses promesses électorales, cette renégociation est l’occasion pour son administration d’envoyer un signal politique fort.
L’Aléna aurait créé prés de 40 millions d’emplois en tout, dont 25 millions aux États-Unis seuls. Comme prévu, la suppression des tarifs douaniers a fait exploser le volume des échanges commerciaux. Ils ont, par exemple, doublé entre les États-Unis et le Canada, atteignant aujourd’hui 635 milliards de dollars par an.
Les Canadiens consomment massivement les biens américains, et en retour les entreprises américaines investissent massivement au Canada (50% des investissements en 2015).
Selon une étude, près de 9 millions d’emplois américains dépendraient des relations commerciales et financières avec Ottawa. Un autre chiffre irrite cependant le gouvernement américain : le solde commercial avec le Mexique. En quinze ans, il est passé d’un excédent de 1,6 milliard de dollars à un déficit de plus de 64 milliards de dollars, selon les données officielles. Aujourd’hui 80% des exportations mexicaines sont destinés au marché américain.
Quelles sont les revendications des États-Unis ?
Le principal objectif de l’administration Trump est clair : réduire le déficit commercial, en améliorant l’accès des produits américains aux marchés de ses voisins.
«Nous devons faire en sorte que ce déficit colossal se résorbe et que nous ayons plus d’équilibre réciproque», a insisté ce mercredi le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer.
«Pour le seul secteur automobile, le déficit avec le Mexique s’élève à 68 milliards», a-t-il poursuivi faisant état par ailleurs de la suppression d’au moins 700.000 emplois aux États-Unis en raison de l’Aléna.