Le régime syrien a repris ses raids aériens sur Douma, dans la Ghouta orientale, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au lendemain d’une attaque chimique présumée.

Une attaque chimique meurtrière présumée du régime syrien sur la ville rebelle de Douma a suscité dimanche l’indignation des États-Unis et du pape François, malgré les démentis du pouvoir de Bachar Al-Assad et de son allié russe.

Douma est le dernier secteur sous contrôle des rebelles dans la vaste région de la Ghouta orientale, située aux portes de Damas et que le régime est déterminé à reprendre totalement coûte que coûte, avec l’aide de Moscou.

Samedi, les Casques Blancs, des secouristes en zones rebelles, un groupe insurgé ainsi que l’opposition en exil ont accusé le régime d’avoir mené une attaque chimique à Douma.

Dans un communiqué commun avec l’ONG médicale Syrian American Medical Society, les Casques Blancs ont affirmé que 48 personnes avaient péri dans cette attaque aux gaz toxiques.

Ils ont également fait état de plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants, qui présentent les symptômes d’une exposition à un agent chimique. Les patients souffrent de difficultés respiratoires, de brulures de la cornée et dégagent une odeur semblable à celle du chlore.

Une vidéo postée par les Casques blancs sur leur compte Twitter et présentée comme tournée après l’attaque chimique présumée, montre un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d’enfants, allongés à même le sol, les yeux parfois écarquillés et de la mousse blanche s’échappant de leur bouche.

Instruments d’extermination

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un réseau de sources dans le pays en guerre, a lui indiqué ne pas être en mesure de confirmer une attaque chimique du régime.

Néanmoins, plusieurs voix se sont élevées pour condamner le recours présumé à des substances chimiques.

« Des nouvelles terribles nous parviennent de la Syrie avec des dizaines de victimes, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Tant de personnes sont frappées par les effets des substances chimiques contenues dans les bombes », a déclaré le pape devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre.

« Il n’y a pas une bonne guerre et une mauvaise, et rien, ne peut justifier l’usage de tels instruments d’extermination contre des personnes et des populations sans défense », a-t-il ajouté.

La Grande-Bretagne a appelé à une enquête urgente. Si ces informations sont correctes, elles seraient une preuve supplémentaire de la brutalité d’Assad contre des civils innocents, et du mépris de ses soutiens pour le droit international, ont estimé les Affaires étrangères. Le régime Assad a été maintes fois accusé de lancer des attaques au gaz sur des régions rebelles, ce qu’il a toujours nié.

Déterminé à faire plier le dernier groupe rebelle de Jaich al-Islam retranché à Douma, le pouvoir syrien avait repris vendredi son pilonnage de la cité, tuant une centaine de civils selon l’OSDH.

Négociations

Après des raids aériens dimanche matin, le régime a suspendu ses bombardements et ses représentants ont tenu une réunion avec ceux de Jaich al-Islam, selon les médias officiels syriens. L’objectif : l’évacuation des rebelles de Douma vers des zones aux mains des insurgés dans le nord syrien.

Le 18 février, le régime a lancé pendant plusieurs semaines une offensive dévastatrice sur l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, qui a coûté la vie à plus de 1.600 civils selon l’OSDH.

Le pouvoir a ensuite laissé la place aux négociations sous l’égide de la Russie, qui ont permis d’évacuer plus de 46.000 combattants de deux autres groupes rebelles et civils, contraints de rejoindre Idleb (nord-ouest), une des provinces échappant au contrôle du régime.

Grâce à l’appui militaire de Moscou, le régime contrôle déjà plus de la moitié de la Syrie, ravagée par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts en sept ans.