La communauté internationale va valider aujourd’hui un plan d’investissements de 10 milliards de dollars au Liban, assorti de premiers financements, afin de sortir le pays de l’ornière et d’éviter qu’il ne soit happé dans la spirale des crises régionales.
Quarante-et-un États et une dizaine d’organisations internationales (FMI, Banque Mondiale, OCDE, BERD…) se réuniront à Paris sous la présidence du Premier ministre libanais Saad Hariri et de la France, à un mois des élections législatives au Liban.
Cette conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE) sera ouverte par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et clôturée par le président Emmanuel Macron.
La France, allié historique du Liban depuis le mandat français (1920-1946), s’est fortement engagée en faveur de ce pays, malmené par des années de crises politiques, une économie affaiblie, et les menaces d’extension du conflit syrien, au côté de la communauté internationale.
« À la conférence du CEDRE, les participants vont se mettre d’accord sur un plan d’investissements, notamment dans les domaines essentiels pour les services à la population et celui du développement durable », a indiqué l’Elysée.
L’État, pas le Hezbollah
Ce plan, bâti par les autorités libanaises, vise à moderniser les infrastructures du pays, qui connaît d’importants retards de développement, à commencer par l’alimentation en eau, la production d’électricité et le traitement des ordures ménagères.
Ces investissements sont évalués à 10,1 milliards de dollars sur une première phase de quatre ans, qui sera validée vendredi. Au total, les besoins du Liban s’élèvent à 23 milliards de dollars sur 12 ans. De premiers engagements financiers, prêts à taux bonifiés, dons, garanties publiques, seront annoncés également à la conférence de Paris.
Le Liban, qui vit dans la crainte d’une crise économique et financière, espère pour sa part lever entre 6 et 7 milliards de dollars en dons et prêts, selon les services de M.Hariri. Le reste de la première phase, soit 35 à 40% du total, doit être pris en charge par les investisseurs privés.
« L’idée politique derrière, c’est que l’État libanais fournisse les services et les infrastructures à la population plutôt que d’autres », note-t-on dans l’entourage du ministre, en référence au puissant mouvement chiite pro-iranien Hezbollah.
Des réformes structurelles
L’Arabie saoudite, soupçonnée d’avoir poussé Saad Hariri à la démission en novembre 2017 en raison de l’influence croissante du Hezbollah et à travers lui de l’Iran, a envoyé des signaux positifs sur sa participation à la conférence, selon l’Elysée. L’Iran n’a en revanche pas été invité à Paris.
Saad Hariri, qui avait annoncé sa démission depuis Ryad, est finalement rentré dans son pays trois semaines plus tard, après une médiation française, et a repris ses fonctions à la tête du gouvernement libanais.
Le Liban va s’engager de son côté sur un plan de réformes que ce soit dans la régulation des transports, des télécommunications ou la mise en œuvre de la justice et la lutte contre la corruption.
« Tout le monde est bien conscient que ces investissements ne seront efficaces que s’ils sont accompagnés par des réformes structurelles très importantes », insiste l’Elysée.
Par ailleurs, le gouvernement libanais doit aussi viser une réduction du déficit public de l’ordre de 9 à 10% du PIB. Un mécanisme de suivi sera également mis en place pour s’assurer que ces engagements sont “suivis d’effets” au-delà des législatives, les premières depuis neuf ans dans ce pays.
Notant que la communauté internationale a déjà œuvré au renforcement de l’armée libanaise lors de la conférence de Rome le 15 mars dernier. Elle doit faire aussi un geste pour le million de réfugiés syriens au Liban, soit un quart de la population locale, le 25 avril prochain à Bruxelles.