C’est officiel. Celui qui devait succéder à son père à la tête de la Libye, Seïf El-Islam Kadhafi vient de déposer officiellement sa candidature pour la présidence du pays. L’annonce a été faite lundi dernier à Tunis. Une date qui renvoie au début des frappes aériennes de l’OTAN contre la Libye en 2011.
Ce lundi 19 mars était un jour historique dans l’histoire de la Libye de l’après Muammar Kadhafi. En effet, l’homme que ses adversaires prenaient pour mort a pu renaitre de ses cendres. Et c’est par la voix de l’un de ses représentants que le fils ainé du guide libyen Muammar Kadhafi, Seïf El-Islam Kadhafi, a annoncé sa candidature pour les présidentielles en Libye.
S’adressant à la presse depuis la capitale tunisienne, Aymen Bouras, a annoncé que «Seïf El-Islam Kadhafi, à travers sa candidature pour la prochaine élection présidentielle, n’aspire pas au pouvoir au sens traditionnel mais à sauver la Libye». Poursuivant son discours, le représentant a fait savoir que «Seïf El-Islam tend la main à tous ceux qui veulent du bien à la Libye, que ce soit au niveau local, régional ou international.»
Six années de clavaire.
En novembre 2011, Seïf El-Islam venait de se faire capturer par une milice armée en Libye. Des images diffusées sur les réseaux sociaux le montraient amaigri, les doigts ensanglantés et entouré par des geôliers. À l’époque, ses détracteurs se réjouissaient des informations annonçant sa capture et le traitement inhumain qu’il subissait quelques mois seulement après le lynchage à mort de son père et l’assassinat de certains de ses frères dans des attaques armées.
Les réjouissances ont fini par se calmer quelques années après. En effet, libéré de prison en juin 2017, Seïf El-Islam a été déjà présenté comme le sauveur potentiel d’une Libye divisée et en proie aux milices armées. Bien qu’il soit condamné à mort par un tribunal à Tripoli et qu’il soit poursuivi par la CPI pour crime contre l’humanité, le fils de l’ancien guide Libyen semble croire en ses chances d’atteindre de nouveau le sommet.
Une popularité grandissante
Selon plusieurs spécialistes de la question libyenne, les chances de celui qui était destiné à succéder à son père à la tête du pays restent incertaines pour le moment. La nouvelle loi qui régira les prochaines élections risque de le priver du droit de se présenter, estiment certains chercheurs. En effet, de peur de le voir décrocher le fauteuil de la présidence, les élaborateurs du prochain texte risque de le tailler sur mesure pour la réussite d’un autre candidat.
Jouissant d’une grande popularité auprès de plusieurs tribus, l’héritier de Muammar Kadhafi dispose de plusieurs pistes qui pourront lui permettre de renforcer son réseau avant les élections prévues initialement le 30 septembre prochain selon le plan d’action de l’ONU dans le pays. Dans son édition du 20 mars, le journal français « courrier international », citant le doctorant à l’Université Paris VIII, Jalel Harchaoui a souligné que « sa force potentielle consiste à jouer une carte que le maréchal Haftar ne peut envisager : une entente avec certains islamistes de Libye ».
Haftar menacé et menaçant
Le retour du jeune Kadhafi sur la scène politique libyenne n’est pas vu d’un bon œil de la part de l’homme fort du pays actuellement à savoir, Khalifa Haftar. S’attaquant ouvertement à Seif El-Islam lors d’entretiens accordés aux médias locaux et internationaux, le maréchal avait présenté Seïf El-Islam, alors emprisonné, d’homme fini. Selon plusieurs observateurs, le ton employé par le maréchal pour évoquer le jeune Kadhafi s’explique par la menace qu’il représente sur le plan politique.
Pour rappel, la Libye n’est pas parvenue à retrouver sa stabilité politique depuis 2011. Date de la chute du régime du colonel Muammar Kadhafi et son lynchage à mort par les rebelles. Organisant trois élections législatives sous l’égide de l’ONU et menant plusieurs rounds de consultation sous la houlette de médiateurs africains et internationaux, le pays demeure divisé. Aujourd’hui, l’est de pays est toujours contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar et par le Parlement de Tobrouk au moment où Tripoli et l’Ouest du pays sont sous le contrôle du gouvernement d’union nationale.