Une dizaine de nouveaux avocats, des avocates surtout, ont décidé de se porter volontaires pour soutenir le patron du quotidien « Akhbar Al Youm », Taoufiq Bouaachrine. Poursuivi, entre autres, pour viol et traite d’êtres humains, l’accusé clame toujours son innocence. Devant le parquet, il a nié l’existence des vidéos filmant ses « ébats sexuels » dans son bureau.
L’affaire « Taoufiq Bouaachrine » n’a toujours pas livré tous ses secrets. Poursuivi pour « traite d’êtres humains, exploitation et abus de pouvoir à des fins sexuelles », le patron de l’un des plus grands quotidiens arabophones du Royaume est également accusé de chantage, menaces, viol et tentative de viol, harcèlement sexuel, débauche…et autres. Son procès, prévu ce 15 mars a été reporté pour la deuxième fois. Une dizaine d’avocates, viennent de confirmer leur soutien à Bouaachrine dans cette affaire.
Des vidéos compromettantes
Au total, les enquêteurs affirment être en possession d’une cinquantaine de vidéos. Toutes enregistrées au bureau de l’accusé, ces « sextapes » ont été confirmées par plusieurs plaignantes dont certaines ont accepté de témoigner à visage découvert devant la presse nationale. Décrivant un « pervers assoiffé de sexe », les plaignantes ont mis en avant une exploitation et un abus de pouvoir de la part de leur employeur.
De son côté, le journaliste écroué depuis plusieurs jours a remis en cause tous les témoignages avancés par les plaignantes. Refusant de visionner les vidéos saisies par la police, le patron de « Akhbar Al Youm » a dénoncé « des montages grotesques servant à faire pression sur les plaignantes » pour les pousser à témoigner contre lui.
La défense se renforce
Démarrant après plus d’une heure de retard, le procès prévu initialement ce 15 mars a été reporté pour le 29 prochains après l’insistance de la défense. L’absence des plaignantes a poussé également le jugé a accepté la requête de la défense qui s’est renforcée avec l’arrivée de nouveaux avocats. Une dizaine d’avocates en plus de deux bâtonniers ont en effet rejoint la défense en soutien au journaliste. Il s’agit du parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM) Abdellatif Ouahbi, et du secrétaire général de la jeunesse du parti de la Justice et du développement Mohamed Amekraze.
Tous volontaires, ces avocats semblent sûrs et certains de l’innocence de leur client. L’ancien ministre et bâtonnier, Mohamed Ziane, est allé jusqu’à faire un parallèle entre cette affaire et celle de Tariq Ramadan en France et celle de Dominique Strauss-Kahn aux États-Unis. Dans une tentative de politisation de l’affaire, l’avocat a tenu une conférence de presse dans laquelle il a appelé les gens à s’intéresser aux dépenses de l’État marocain. Connu pour ses sortis médiatiques virulente, Maitre Ziane a déjà eu un accrochage avec les avocats des plaintes lors de l’ouverture du procès le 8 mars dernier.
Le scandale, secouant la scène médiatique marocaine, a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Faisant le parallèle avec l’une des affaires qui a le plus marqué les esprits au Maroc, à savoir l’affaire du commissaire Tabit, certains médias parlent du « procès du siècle ». Fusillé en 1993 pour avoir violé et filmé des dizaines de jeunes filles à Casablanca, Tabit était la dernière personne exécuté au Maroc. Depuis, une abolition de fait de la peine de mort est en vigueur dans le Royaume.