
Le scrutin présidentiel qui s’est déroulé hier, en Guinée-Conakry, s’est passé dans le calme sur la quasi-totalité du territoire, mais sans engouement.
Et sans affluence des électeurs, qui ont été peu nombreux à se déplacer.
Tous les observateurs indépendants ont constaté ce phénomène, qui semble traduire concrètement le boycott préconisé par les leaders de l’opposition, empêchés de prendre part à la compétition électorale.
Cellou Dalein Diallo, principal opposant au régime de Doumbia, avait appelé ses militants à boycotter la présidentielle.
Lui-même est en exil forcé, ne pouvant retourner dans son pays où il est menacé d’arrestation.
Même chose pour Sidya Touré, l’autre opposant de poids, sans oublier l’ex-président Alpha Condé, reconverti en opposant, qui s’agite dans les coulisses sans aucune possibilité de fouler le sol guinéen.
La présidentielle, qui s’est tenue hier après quatre ans de « transition » durant lesquels l’autoritarisme a prévalu, s’est déroulée sous l’égide d’un régime militaire dont le leader, Mamadi Doumbia, avait pris l’engagement de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, avant de se raviser.
Dans ce contexte politique lourd, un déploiement impressionnant de forces sécuritaires a assuré un calme relatif, même si, la veille du scrutin, une opération militaire a eu lieu dans une banlieue de la capitale, Conakry, pour « neutraliser » un « groupe armé qui voulait faire un coup d’État ».
Les informations concernant cet événement sont restées floues, car aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue.
Même cas de figure en ce qui concerne le taux de participation à la présidentielle, estimé à « 84 % » par la Direction générale des élections.
Les constats empiriques des observateurs, le jour de l’élection, semblent contredire une telle projection.
À Conakry, l’engouement n’y était pas dans de nombreux quartiers et, dans les régions, comme celle du Fouta, fief électoral de Cellou Dalein, les électeurs se sont déplacés au compte-gouttes vers les centres de vote, l’immense majorité ayant choisi de rester à la maison.
Quels que soient les résultats qui seront publiés, les témoignages des observateurs, notamment ceux de la CEDEAO et des ONG, permettront d’y voir plus clair.
Si l’objectivité l’emporte !
Quoi qu’il en soit, si cette présidentielle met fin à la longue transition, elle ne rassure pas quant à une éventuelle consolidation de l’unité nationale et de la paix civile.
L’absence des grands leaders de l’opposition décrédibilise le scrutin, qui a été taillé sur mesure pour le chef de la junte.
Comme en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Gabon, récemment.
La présidentielle guinéenne clôture une année noire pour la démocratie en Afrique, marquée par le retour de pratiques dictatoriales qui plongent le continent dans un passé détestable.
Si la junte guinéenne veut ramener la paix et la réconciliation nationales dans le pays, elle devra renouer le dialogue avec les opposants et leur ouvrir le chemin du retour à la terre natale.
Une élection verrouillée ne peut être ni transparente ni démocratique.













