Le gouvernement nigérian a indiqué vendredi que d’autres frappes contre des groupes jihadistes étaient à prévoir, après les attaques menées le jour de Noël par les forces américaines dans le nord du pays. Ces opérations font partie d’une coopération renforcée entre le Nigeria et les États-Unis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le Nigeria, confronté à de multiples crises sécuritaires, subit des attaques jihadistes dans le nord-est du pays depuis 2009, tout en faisant face à des gangs armés responsables de pillages et d’enlèvements dans le nord-ouest. Les frappes récentes ont eu lieu dans un contexte de tensions diplomatiques liées aux violences contre les chrétiens dans le pays.

Collaboration renforcée avec les États-Unis

Interrogé sur la possibilité de nouvelles frappes, le ministre des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a déclaré à la chaîne locale ChannelsTV : « C’est un processus en cours, et nous travaillons avec les États-Unis, ainsi qu’avec d’autres pays. » Selon M. Tuggar, le Nigeria a fourni des renseignements aux autorités américaines pour mener ces attaques, et il a précisé avoir eu plusieurs discussions avec le secrétaire d’État américain avant les frappes.

Un responsable du Pentagone a confirmé que le gouvernement américain a collaboré avec le Nigeria pour mener ces frappes, qui ont été approuvées par les autorités nigérianes. Le président nigérian Bola Tinubu aurait donné son « feu vert » pour l’opération.

Une réponse aux menaces jihadistes

Les frappes ont visé des groupes jihadistes opérant principalement dans le nord-est du pays, mais les autorités n’ont pas précisé les cibles exactes. Les jihadistes ont récemment étendu leurs incursions dans le nord-ouest, où les violences des groupes armés ont provoqué de nombreux déplacements de populations.

À Sokoto, un État du nord-ouest, des habitants ont rapporté avoir été choqués par les frappes. Haruna Kallah, un habitant de la ville de Jabo, a raconté : « Nous avons entendu une forte explosion qui a secoué toute la ville, et tout le monde a eu peur. » Certains résidents ont initialement pensé qu’il s’agissait d’une attaque par un groupe armé local, mais ont appris plus tard qu’il s’agissait d’une frappe de drones américains.

Un soutien international face à l’extrémisme

Le ministre Tuggar a souligné que le Nigeria poursuivait sa coopération avec ses partenaires internationaux, dont les États-Unis, pour lutter contre le terrorisme, sans tenir compte des confessions religieuses des victimes. Cette approche vise à contrer toutes les formes de terrorisme, qu’elles affectent des musulmans ou des chrétiens.

Le gouvernement nigérian a insisté sur le fait que l’attaque n’était pas liée à des persécutions religieuses, rejetant ainsi les arguments évoqués par certains groupes chrétiens aux États-Unis et en Europe, qui parlent de génocide contre les chrétiens.

La pression internationale

Les frappes marquent la première intervention militaire américaine au Nigeria sous le mandat de Donald Trump, après que ce dernier a accusé le gouvernement nigérian de ne pas prendre suffisamment de mesures contre les attaques visant les chrétiens. Trump avait même menacé de recourir à des actions militaires pour mettre fin à ces violences, qualifiées par lui de menace « existentielle » pour les chrétiens du pays.

Pour l’analyste Malik Samuel, basé à Abuja, les autorités nigérianes ont été poussées à collaborer avec les États-Unis sous la pression diplomatique internationale. « Je pense que Trump n’aurait pas accepté un refus de la part du Nigeria », a-t-il déclaré, soulignant que les attaques affectaient en grande majorité des musulmans dans le nord-ouest, malgré l’image de persécution chrétienne véhiculée à l’international.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, demeure profondément divisé entre un nord majoritairement musulman et un sud à majorité chrétienne. Le pays continue de lutter contre diverses formes de violence, touchant des communautés de toutes confessions.