Depuis 2020, les expériences démocratiques, en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier, sont balafrées, notamment dans le Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger), où des coups d’État ont écarté des régimes « sortis des urnes », mais aussi en Guinée-Conakry et en Guinée-Bissau.

Le Bénin représente une forme de note d’espoir, avec l’échec d’un putsch, grâce à l’aide du Nigeria et de la France.

Le retour des pouvoirs kaki dans cette zone du continent est assurément un échec retentissant pour les militants de la démocratie, qui ont été vaincus par la faillite économique, la pauvreté galopante et une école publique en lambeaux, autant de facteurs qui ont donné du grain à moudre aux populistes de tous bords.

Le boom démographique reste le casse-tête qui fait vaciller tous les régimes, ceux emportés par les putschs tout comme ceux imposés par les militaires.

Car les équations socio-économiques demeurent insolubles et précarisent l’ensemble des sociétés concernées.

Les découvertes de pétrole, de gisements d’or et d’autres ressources minières exceptionnelles ne suffisent pas à rallumer la flamme de l’espoir.

Parce que, entre autres, la corruption et la ruée sur les deniers publics creusent les inégalités et favorisent l’émergence toxique de fortunes illégales qui alimentent des comptes bancaires extérieurs, au lieu d’être investies dans des projets de développement.

Le cercle est vicieux, voire suicidaire, car il fait naître toutes sortes d’initiatives politiques dont le but est de permettre aux initiateurs de participer « au festin ».

Le patriotisme populiste est un masque qui cache des visées sordides, comme le simple constat empirique permet de le voir.

Faudrait-il alors désespérer de l’Afrique de l’Ouest, et même de l’ensemble du continent (en Afrique centrale prospèrent encore des dynasties démocratiques et des chefs d’État au pouvoir depuis plus de 30 ans, Paul Biya ayant entamé son 8ᵉ mandat) ?

Au Nord, la Tunisie, la Libye, l’Algérie et l’Égypte ne donnent pas le bon exemple. Au contraire !

Mais de quelle démocratie parlons-nous ? Celle qui renforce la liberté dans le respect du droit, avec la tenue d’élections régulières et crédibles.

Ce qui n’a pas été le cas en Côte d’Ivoire lors des dernières élections présidentielles, ni au Cameroun, où le principal leader de l’opposition, Maurice Kamto, a été empêché de participer, et où celui qui a revendiqué la victoire, Bakary Tchiroma, a été contraint à l’exil en Gambie.

La Guinée-Conakry, qui va organiser sa présidentielle le 28 décembre, semble suivre les exemples camerounais et ivoirien : les principaux leaders de l’opposition, Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré, étant exilés à l’étranger, exclus du scrutin.

Les choses sont plus simples ainsi : pas de participation, pas de contestation des chiffres, encore moins de revendication de victoire.

La démocratie n’est pas seulement balafrée, elle est cadenassée.

JUSQU’À QUAND ?