Abidjan, 8 déc. 2025 (MAP) – Le président ivoirien Alassane Ouattara a prêté serment lundi pour un quatrième mandat, annonçant une nouvelle étape politique qu’il souhaite consacrer à la « transmission générationnelle ». Réélu le 25 octobre avec près de 90 % des suffrages lors d’un scrutin marqué par l’exclusion judiciaire de ses principaux adversaires, le chef de l’État, âgé de 83 ans, a présenté cette investiture comme un « acte de responsabilité et de maturité politique ».

Dans son discours prononcé au palais présidentiel, M. Ouattara a défendu le bilan de ses quatorze années au pouvoir, affirmant que la Côte d’Ivoire avait « profondément changé » depuis 2011. Il a mis en avant la restauration de l’autorité de l’État, le renforcement de la cohésion nationale, la consolidation des institutions et la sécurisation du territoire.

La prestation de serment, effectuée devant le Conseil constitutionnel, s’est déroulée en présence de onze chefs d’État africains, dont ceux de l’Angola, du Gabon, du Sénégal ou encore du Ghana, ainsi que de plusieurs responsables internationaux, à l’image de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. La France était représentée par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, tandis que les États-Unis ont dépêché le sous-secrétaire d’État Jacob Helberg.

Ouattara a réaffirmé la doctrine diplomatique de son pays : « une Côte d’Ivoire amie de tous et ennemie de personne ». Mais cette investiture intervient dans un contexte régional marqué par la montée des coups d’État en Afrique de l’Ouest, le dernier ayant eu lieu fin novembre en Guinée-Bissau. Une réunion de la CEDEAO devait d’ailleurs se tenir dans la foulée pour discuter de la situation au Bénin, où une tentative de putsch a été déjouée.

Si le président a remporté une victoire écrasante, la participation est restée faible (50,10 %). Les opposants Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam n’avaient pas donné de consigne de vote, étant tous deux exclus de la liste électorale. Ils n’ont pas assisté à la cérémonie.

Le scrutin, globalement calme, a néanmoins été émaillé de violences, faisant 11 morts. Les manifestations, interdites par les autorités, ont conduit à l’arrestation de centaines de personnes, dont certaines ont été condamnées à trois ans de prison. Deux cadres de l’opposition, Damana Pickass et Soumaïla Bredoumy, ont également été arrêtés, accusés d’« actes terroristes ».

La Côte d’Ivoire se prépare désormais à des élections législatives prévues le 27 décembre, auxquelles le parti de Laurent Gbagbo a déjà annoncé qu’il ne participerait pas.