
La commission électorale de Guinée-Bissau a annoncé mardi qu’elle n’était pas en mesure de publier les résultats de la présidentielle et des législatives du 23 novembre, après la destruction de l’essentiel du matériel électoral lors du coup d’État du 26 novembre.
La veille de l’annonce prévue des résultats, des militaires ont renversé le président sortant Umaro Sissoco Embalo et suspendu le processus électoral. Depuis, la junte a désigné le général Horta N’Tam comme président de la transition, pour une durée d’un an, et nommé un Premier ministre.
Six jours après le putsch, la Commission nationale des élections (CNE) affirme que les conditions ne sont plus réunies pour achever le processus. « Tout le matériel a été détruit. Il n’existe aucun procès-verbal des élections », a déclaré à la presse Idriça Djalo, secrétaire exécutif adjoint de la CNE, au lendemain d’une rencontre avec une délégation de la Cedeao. L’organisation ouest-africaine voulait savoir si une reprise du processus était possible. « Nous leur avons répondu non », a reconnu M. Djalo.
Le responsable électoral a décrit l’assaut armé contre la salle de compilation des résultats à Bissau : « Un groupe d’hommes armés et cagoulés a fait irruption, menacé les 45 membres présents, et arrêté le président de la commission et les cinq juges de la Cour suprême ». Les assaillants ont saisi les téléphones, détruit les procès-verbaux et mis hors service le serveur principal. Les PV des régions d’Oio et Cacheu, en cours d’acheminement, ont également été confisqués.
Le président déchu Embalo, arrêté puis exfiltré au Sénégal, s’est depuis rendu à Brazzaville « pour y rester », selon une source proche de la présidence congolaise. De son côté, l’opposant Fernando Dias — qui affirme avoir remporté la présidentielle au premier tour — a obtenu l’asile au Nigeria après avoir échappé à une tentative d’arrestation.
Les putschistes justifient leur action par la découverte d’un « plan de déstabilisation du pays impliquant des barons de la drogue ». La Guinée-Bissau est un important point de transit du trafic de stupéfiants entre l’Amérique latine et l’Europe.
La Cedeao a entamé des discussions avec les militaires lundi. Un dialogue qualifié de « productif » par la délégation régionale comme par le nouveau ministre des Affaires étrangères nommé par la junte, Joao Bernardo Vieira, qui a assuré vouloir « poursuivre les échanges pour trouver rapidement une solution ».
Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, situé entre le Sénégal et la Guinée, demeure l’un des plus instables de la région : il a déjà connu quatre coups d’État et de nombreuses tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974.














