Américain naturalisé, d’origine indienne et ougandaise, Zohran Ramdani, « démocrate socialiste » revendiqué, a été brillamment élu maire de New York, l’une des villes les plus emblématiques des États-Unis.

Âgé de 34 ans, il s’est imposé face à l’ex-gouverneur Andrew Cuomo, qui a reconnu sa défaite et félicité son vainqueur.

Le triomphe de Ramdani est spectaculaire : il a su convaincre les jeunes, les minorités, mais aussi la frange la plus éduquée de la population, en mettant l’accent sur les préoccupations essentielles des New-Yorkais : le logement hors de prix, le coût de la vie, l’emploi, les disparités sociales, ainsi que la représentation politique incarnée jusque-là par des responsables âgés, souvent déconnectés des réalités d’une ville cosmopolite.

Cette victoire rappelle celle de Sadiq Khan à Londres, élu puis réélu à plusieurs reprises. Elle marque un profond changement : les barrières ethniques et religieuses ne fonctionnent plus comme des repoussoirs. Les temps ont véritablement changé.

Ce succès est aussi un revers pour le président Trump, qui avait appelé à voter pour Cuomo, démocrate, contre l’avis de son propre parti républicain — en pure perte !

La soirée électorale fut d’ailleurs un véritable cauchemar pour les Républicains, battus à plate couture dans plusieurs États : en Virginie et dans le New Jersey, deux femmes ont remporté les postes de gouverneur, confirmant une percée du vote féminin.

Cerise sur le gâteau pour les démocrates : en Californie, le gouverneur Gavin Newsom a fait adopter sa proposition de redécoupage électoral, une réponse directe aux pratiques similaires menées par les républicains dans d’autres États. Cette mesure, dans l’État le plus peuplé et le plus puissant économiquement, pourrait rapporter jusqu’à cinq sièges supplémentaires aux démocrates à la Chambre des représentants.

Un basculement politique lors des prochaines élections de mi-mandat ? Wait and see !

L’ancien président Barack Obama savoure cette victoire. Il a salué la pertinence des programmes centrés sur les préoccupations quotidiennes des citoyens — logement, emploi, pouvoir d’achat — tout en rappelant que « beaucoup de travail reste à faire ».

Pour les républicains, et notamment Donald Trump, ces résultats constituent un avertissement sévère. Malgré la solidité de sa base MAGA, l’ancien président fait face à de nombreux défis :

– une politique anti-immigration rejetée par la majorité des Américains,

– des suppressions massives d’emplois publics,

– une hausse record des droits de douane aux effets douloureux pour les consommateurs,

– et le déploiement controversé de la Garde nationale dans plusieurs villes.

Les démocrates, longtemps affaiblis depuis la réélection de Trump, peuvent désormais retrouver leur voix et se réorganiser pour reconquérir l’électorat. Leur réussite dépendra toutefois de leur capacité à tirer les leçons du passé et à s’inspirer des campagnes victorieuses de cette nuit électorale.

Leur stratégie devra être fondée sur le réalisme, l’action concrète en faveur des citoyens, la lutte contre les excès du trumpisme et la réparation des dégâts sociaux déjà causés.

Enfin, il ne faut pas oublier que Trump entame un second et dernier mandat : il est désormais un « canard boiteux », comme on dit aux États-Unis.

Aussi populaire soit-il auprès de sa base, l’avenir peut réserver des surprises.

L’espoir renaît pour les démocrates : à eux de se réorganiser et d’identifier, dès à présent, les figures présidentielles capables de rassembler et de gagner.

La présidentielle n’est pas pour demain, mais l’heure des préparatifs a bel et bien sonné.