Emmanuel Macron, Président de la République française

À peine nommé Premier ministre, Sébastien Lecornu a jeté l’éponge, avant même de présenter publiquement son gouvernement.

Du jamais vu sous la Cinquième République !

Hier soir pourtant, une équipe composée d’ex-Premiers ministres (Manuel Valls, Élisabeth Borne), d’anciens ministres de premier plan (Bruno Le Maire, Éric Woerth) et de sortants comme Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, etc., était affichée et semblait avoir fière allure.

Mais dans la « chaleur de la nuit », une bataille d’ego, la résurgence de vieilles querelles, de jalousies tenaces et autres rancunes indépassables ont fait s’effondrer l’échafaudage si laborieusement mis sur pied.

Retailleau, patron des « Républicains » (LR), n’a pas accepté le retour de l’ex-ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, nommé au poste de ministre des Armées.

Il a sorti le sabre sur les réseaux sociaux pour abattre le gouvernement qu’il avait, auparavant, béni.

Quid de l’expérience de Le Maire et de sa maîtrise de la langue allemande, qui est un atout pour renforcer le « couple franco-allemand » sans lequel l’Union européenne ne peut pas exister.

Après avoir constaté son échec et remis sa démission, Lecornu a décoché une flèche à ceux « qui aiment plus leur parti que leur pays « .

Ce qui semble être un mal français dont les lointains descendants des Gaulois n’arrivent pas à guérir.

Depuis, le jeu des attaques mesquines inonde les télévisions et les coups bas volent haut.

Pendant ce temps, le président Macron manœuvre pour trouver une solution provisoire qui lui éviterait de dissoudre une seconde fois.

Pourra-t-il trouver l’oiseau rare qui réconcilierait le « socle commun », dans le coma, avec d’autres « compléments d’effectifs » permettant de concocter une nouvelle équipe gouvernementale, capable de survivre le temps d’une rose, certes sans les socialistes ?

Vous avez dit « cercle-carré » ?

Pourtant, il faudra bien résoudre l’équation ou dissoudre, avec la certitude de retrouver une situation toujours précaire une fois le verdict des urnes acté.

Macron devra s’en prendre à lui-même : il a joué aux apprentis sorciers et récolté le chaos politique qu’il a semé.

Le problème est que la France et ses citoyens vivent des moments difficiles, avec une dette de plus de trois mille milliards d’euros qui étouffe l’économie.

Le paradoxe est qu’à l’heure de l’urgence absolue pour redresser la barre et éviter un plus grand naufrage financier, la « classe politique » hexagonale discute du sexe des anges et en est à la guerre des mots — des vertes et des pas mûres — pour jouer des cartes personnelles : qui pour la prochaine présidentielle de 2027, qui pour la conquête de tel ou tel poste gouvernemental.

Retailleau, par qui le coup fatal — qui a fusillé le gouvernement Lecornu — est arrivé, cherche à se justifier en faisant remarquer qu’il a été mis devant le fait accompli en ce qui concerne la nomination de Le Maire au ministère des Armées.

Ce qui est, selon lui, une rupture de confiance qui l’a poussé à dégainer.

C’est le branle-bas de combat : à l’heure actuelle, tous les états-majors s’activent à préparer la suite : dissolution ou pas !

Macron a les cartes en main pour un temps limité, car il faut que le budget soit voté et que la France puisse se rassurer et rassurer ses partenaires de l’UE.

Le temps est compté et la Bourse est tendue, si l’on peut dire : les banques françaises chutent, et c’est un mauvais signe.

Les partis de gauche continuent de s’invectiver ; à droite, ce n’est pas mieux et, à l’Élysée, Macron a encore reçu son Premier ministre démissionnaire.

Les Français semblent désabusés, même si tout le monde a conscience que la situation est grave.

Mais pas désespérée !

Ici, il n’est pas encore question de faire appel aux pompiers du FMI.

Même si tous les clignotants sont au rouge.

Le président Macron, qui avait déjà accepté la démission de M. Lecornu, lui a demandé de continuer les négociations jusqu’à mercredi.

Les membres du parti Les Républicains ont sans doute pesé dans ce rétropédalage, car les sondages prévoient une victoire du Rassemblement national et une déroute des LR.

Donc, rebondissement et nouveau deadline.

Wait and see.