Human Rights Watch (HRW) appelle plusieurs pays africains à refuser d’accueillir les migrants expulsés des États-Unis, dénonçant des « accords opaques » conclus avec l’administration Trump qui, selon l’ONG, violent le droit international.

Des accords confidentiels financés par Washington

Selon HRW, l’Eswatini, le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud ont accepté depuis quelques mois d’accueillir des personnes expulsées dans le cadre d’un programme américain visant les migrants en situation irrégulière.
L’organisation affirme avoir eu accès à l’accord conclu avec l’Eswatini : Washington y prévoit une aide de 5,1 millions de dollars en échange de l’accueil de jusqu’à 160 personnes.

En juillet, le petit royaume a déjà reçu cinq expulsés – originaires de Cuba, Jamaïque, Laos, Vietnam et Yémen – incarcérés dans la prison de haute sécurité de Matsapha, tristement réputée pour la surpopulation et la détention de prisonniers politiques. Des ONG locales et des avocats ont saisi la justice pour exiger la publication de l’accord et contester la légalité de ces détentions.

HRW dit avoir également pris connaissance d’un accord avec le Rwanda prévoyant une aide américaine de 7,5 millions de dollars pour l’accueil de jusqu’à 250 expulsés.

« Instrumentaliser la souffrance humaine »

Pour Allan Ngari, directeur du plaidoyer à HRW, ces accords font des gouvernements africains « les complices des violations graves des droits humains commises par l’administration Trump ».
Il demande aux pays concernés de rendre publics les termes des ententes, de permettre l’accès d’observateurs indépendants et de s’abstenir de détenir les expulsés « sans base juridique claire ».

L’ONG insiste enfin : aucune des personnes transférées ne doit être renvoyée dans son pays d’origine si elle risque d’y subir des mauvais traitements.
« Ces transferts utilisent la souffrance humaine comme moyen de dissuasion de la migration, en totale contradiction avec les obligations internationales », conclut HRW.