Alors que le Président Bassirou Diomaye Faye a officiellement convoqué un dialogue national pour le 28 mai, présenté comme un cadre de refondation démocratique, nos investigations révèlent une manœuvre politique minutieusement préparée par le duo présidentiel. Selon des sources haut placées au sein de l’administration, ce dialogue, censé réunir acteurs politiques et société civile, n’aurait pour but que de valider des réformes déjà décidées en petit comité, en échange de promesses de postes gouvernementaux ou d’immunités judiciaires.
Plusieurs responsables politiques, y compris des membres de l’Alliance pour la République (APR, ancien parti de Macky Sall), auraient été approchés secrètement pour participer au dialogue malgré le boycott annoncé par leur formation. En contrepartie, ils bénéficieraient soit d’une entrée au prochain gouvernement, soit d’une protection dans le cadre des audits en cours sur la gestion des fonds publics sous l’ère précédente .
Un cadre de l’APR, sous couvert d’anonymat, confie à Afrique Confidentielle : « On nous a fait comprendre que ceux qui joueront le jeu seront épargnés par la reddition des comptes. D’autres ont été tentés par des portefeuilles ministériels. »
Selon nos informations, cinq points majeurs ont été arbitrés en amont par Diomaye Faye et son mentor Ousmane Sonko, et seront soumis à une validation formelle lors du dialogue :
1. Rééquilibrage des pouvoirs entre Président et Premier ministre :
La Constitution sera modifiée pour réduire les prérogatives du chef de l’État au profit du Premier ministre, renforçant ainsi l’influence de Sonko, dont le rôle est central dans l’actuelle configuration politique .
2. Verrouillage anti-Macky Sall :
Un ajout à l’article sur les mandats présidentiels prévoira qu’un ancien Président ayant effectué deux mandats consécutifs ne pourra se représenter avant 10 ans. Une mesure taillée sur mesure pour écarter Macky Sall en 2029 .
3. Légitimation d’Amadou Ba comme chef de l’opposition : Le statut officiel du chef de l’opposition sera attribué au candidat arrivé deuxième à la présidentielle, soit Amadou Ba, perçu comme plus « coopératif » par le pouvoir .
4. Dissolution ciblée des partis politiques :
Des conditions drastiques (financement, représentativité) seront imposées pour maintenir un parti, visant à éliminer les petites formations et concentrer le paysage politique autour de quelques acteurs .
5. Exclusion de Barthélémy Diaz :
Une disposition spécifique interdira à l’opposant Barthélémy Diaz, figure montante critique du régime, de se présenter en 2029, sous couvert de « moralisation de la vie politique » .
Si des partis comme le Mouvement Panafricain et Citoyen Luy Jot Jotna (MPCL) de Cheikh Tidiane Gadio affichent leur participation au nom de « l’unité nationale » , d’autres, comme République des Valeurs (RV), dénoncent un « simulacre sans consultation préalable » . La société civile, elle, est courtisée pour donner une légitimité populaire à des décisions déjà actées.
Ce dialogue, loin d’être inclusif, s’apparente à une opération de communication politique destinée à masquer un renforcement autoritaire du pouvoir. Les promesses de « dépolitisation » et de « transparence » semblent se heurter à une réalité plus cynique : la perpétuation des calculs partisans, sous une nouvelle étiquette .
Afrique Confidentielle dévoilera dans les prochains jours les noms des personnalités ayant accepté ces marchandages, ainsi que les documents internes confirmant ces manœuvres.