Hier, fête internationale du travail, syndicalistes, travailleurs non syndiqués, organisations de journalistes et d’éditeurs de presse ont déversé leur colère sur le ministre du Travail et de l’Emploi, qui a passé une après-midi très chaude dont il se souviendra longtemps.
Rien ne lui a été épargné : attaques verbales, sifflets, et même présentation d’un cercueil (sic) par des manifestants, travailleurs licenciés, qui se sont acharnés sur lui.

Le courroux des révoltes se comprend, car le nouveau régime, qui assistait à son deuxième « 1er Mai », a tristement brillé pour avoir déjà licencié environ trois mille travailleurs des entreprises publiques (le port de Dakar a subi une saignée avec plusieurs centaines de licenciements intempestifs).
Des travailleurs contractuels dans les ministères ont aussi subi ce qui semble une véritable purge pour écarter « ceux qui avaient été recrutés par le régime de Macky Sall ».

En foulant au pied les droits des travailleurs et le respect dû aux chefs de famille qui, du jour au lendemain, ont été privés de sources de revenus. Ce qui a plongé des milliers de familles dans la précarité et la misère, avec des conséquences sociales désastreuses.
La colère des membres du « Rassemblement des travailleurs du Sénégal » ne s’explique pas autrement.

Hier, ils étaient habillés en rouge et ont offert un concert de casseroles au ministre Fall pour lui rappeler les promesses du parti Pastef, qui avait inauguré ce genre de pratique.
Ces travailleurs, victimes d’une injustice anti-républicaine, si l’on peut dire, ont eu raison de saisir l’opportunité de la fête du 1er Mai pour faire passer leur message.

Le président Diomaye, qui a reçu le cahier de doléances des syndicats, et le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a signé avec certains d’entre eux un pacte national de stabilité sociale, ont certainement entendu la « clameur des casseroles », un bruit qui leur était familier.
Reste à savoir s’ils ont une réponse pertinente à proposer pour résoudre l’équation de l’emploi des jeunes.

Jusqu’ici, tel ne semble pas être le cas, avec les secteurs sinistrés du BTP, du maraîchage, de la pêche, des grands travaux infrastructurels (chantiers arrêtés, projets en jachère), qui expliquent le désarroi et la colère du monde du travail.
Les promesses électorales ont fondu comme neige au soleil, et le désespoir s’est installé chez les jeunes, qui prennent d’assaut la route des mers pour essayer de rallier l’Europe, à leurs risques et périls.

Ce qui est désespérant, c’est que le nouveau régime s’enfonce dans un déni de réalité, signe d’impuissance et d’arrogance.
Tout en appelant au dialogue ?
La démarche est-elle sincère ?

Les actes, qui privilégient les accusations contre le précédent régime et qui érigent la « reddition des comptes » comme la seule et unique politique pour résoudre toutes les questions, indiquent une impasse.
En vérité, l’incompétence de nombre de membres du gouvernement est avérée, et le remplacement de Aminou Lo par Boubacar Camara comme ministre Secrétaire général du gouvernement, en catimini, confirme cela.
En vérité, un remaniement en profondeur est envisagé, mais retardé par des considérations politiciennes au sein de Pastef.
S’opposer est une chose, gouverner en est une autre.