Le programme sud-africain de lutte contre le VIH/Sida, considéré comme le plus vaste au monde, est aujourd’hui en péril, fragilisé par une crise de financement provoquée par la suspension soudaine des aides américaines, ont alerté plusieurs organisations non gouvernementales ce mercredi.

La décision de Washington de couper presque tous les fonds dédiés à l’aide au développement, notamment ceux issus du Plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida (Pepfar), a provoqué une onde de choc. Les subventions à des instituts de recherche sud-africains ont également été interrompues, aggravant la situation.

« Nous faisons face à une menace imminente de recrudescence des infections, des maladies et des décès liés au VIH, avec un pic attendu de transmissions mère-enfant. Nos hôpitaux publics risquent la saturation, et les avancées réalisées contre la tuberculose sont sur le point d’être effacées », a alerté le centre de santé OUT Engage.

Sur le terrain, les conséquences sont déjà visibles. De nombreuses cliniques associatives ont fermé leurs portes, des pénuries d’antirétroviraux ont été constatées et des milliers d’agents de santé œuvrant dans les programmes VIH ont été licenciés. L’organisation TAC/Ritshidze a été contrainte de se séparer de 75 % de son personnel, tandis qu’Anova, prestataire de services médicaux, a supprimé 2 000 postes.

Par ailleurs, 230 000 doses de médicaments injectables à action prolongée, destinées à prévenir la transmission du VIH, sont restées en stock, faute de moyens pour leur distribution.

Les ONG dénoncent un double abandon : d’une part, le retrait des financements américains, et d’autre part, le désengagement des autorités sud-africaines, qui laissent les structures partenaires du ministère de la Santé s’effondrer. Ces entités jouaient un rôle clé dans le dépistage, la prévention, l’accompagnement des populations vulnérables et la réintégration des patients dans les circuits de soins.

Avec près de 14 % de la population vivant avec le VIH, l’Afrique du Sud demeure l’un des pays les plus touchés par l’épidémie au niveau mondial.