Le gouvernement américain a annoncé la fermeture du Millennium Challenge Corporation (MCC), une agence d’investissement dans les infrastructures, principalement active en Afrique. Cette décision marque un recul significatif de la présence économique des États-Unis sur un terrain où la Chine exerce une influence croissante.
Créée en 2004 sous la présidence de George W. Bush, le MCC finançait des projets dans les pays respectant certains standards de gouvernance démocratique et de libéralisme économique. Depuis sa création, l’agence a mobilisé près de 17 milliards de dollars dans des projets allant de la construction de routes à la modernisation de réseaux électriques, notamment en Zambie, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire.
La décision de fermeture a été confirmée mercredi lors d’une réunion interne au siège du MCC. Selon plusieurs sources, l’agence entamera un retrait immédiat de ses programmes en cours, avec une suspension progressive des chantiers dans les pays partenaires. Un mémo interne précise que la Commission pour l’efficacité gouvernementale – un organe dirigé par Elon Musk – a ordonné une réduction drastique des effectifs et des budgets alloués à l’agence.
Cette restructuration intervient dans un contexte de recentrage de la politique étrangère américaine. L’administration actuelle privilégie une diplomatie transactionnelle, et limite les financements aux projets présentant un bénéfice direct pour les États-Unis. Le MCC, tout comme l’USAID, autre agence de coopération déjà largement démantelée en 2024, est jugé non prioritaire dans cette logique.
L’arrêt de ces programmes soulève des inquiétudes chez plusieurs partenaires africains et ONG internationales. Dans certains pays, comme la Côte d’Ivoire ou le Népal, des projets d’infrastructures sont désormais menacés d’interruption, voire d’abandon, alors même qu’ils étaient proches de leur achèvement.
L’ONG ONE, spécialisée dans la lutte contre la pauvreté, a exprimé son inquiétude. Sa directrice pour l’Amérique du Nord, Elizabeth Hoffman, a regretté l’abandon d’un modèle d’aide au développement « innovant et entrepreneurial », à contre-courant de l’expansion chinoise en Afrique.
En toile de fond, la Chine renforce son implantation en Afrique avec plus de 167 milliards de dollars d’échanges bilatéraux enregistrés au premier semestre 2024, et des investissements massifs dans les infrastructures à travers l’Initiative « la Ceinture et la Route ».
Le retrait américain du MCC pourrait ainsi laisser un vide stratégique sur un continent où la compétition pour l’influence économique et géopolitique s’intensifie.