Le Conseil constitutionnel sénégalais a, ce 23 avril 2025, infligé un cinglant désaveu au gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et à son mentor Ousmane Sonko. En invalidant la loi interprétative de l’amnistie, les juges ont mis à nu une manipulation politique sophistiquée, révélant comment le régime a sciemment caché aux Sénégalais l’existence d’un non-lieu secret obtenu dès janvier 2025 pour blanchir ses dirigeants. Retour sur une machination qui éclaire le cynisme des nouvelles autorités .
Le 2 avril 2025, l’Assemblée nationale dominée par la coalition au pouvoir vote une loi interprétative visant à étendre l’amnistie de mars 2024 (sous Macky Sall) à des crimes imprescriptibles comme les assassinats et tortures commis lors des troubles politiques récents. Le but affiché : « apaiser » le pays.
Mais le Conseil constitutionnel, saisi par des opposants, a tranché :
– La loi initiale était claire , rendant inutile une interprétation .
– Le texte créait en réalité une amnistie rétroactive, violant les engagements internationaux du Sénégal contre l’impunité .
– Le groupe parlementaire Takku Wallu a qualifié la manœuvre de grossière mise en scène pour faire passer une loi nouvelle sous couvert d’interprétation .
Voici la révélation choquante : depuis le 27 janvier 2025, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye bénéficiaient d’un non-lieu signé par le juge Abdoul Aziz Diallo – nommé par Sonko lui-même en août 2024 pour remplacer Maham Diallo. Ce document, gardé secret pendant 3 mois, les mettait à l’abri de toute poursuite, indépendamment de la loi interprétative.
En cachant ce non-lieu, le régime a laissé croire à ses militants que l’amnistie était leur seule issue, tout en sachant qu’ils étaient déjà protégés.
– Double jeu : Si la loi passait, elle blanchissait leurs alliés ; si elle était rejetée (comme ce fut le cas), ils pouvaient jouer les victimes et mobiliser leur base contre le Conseil constitutionnel .
Le choix du juge Diallo, proche du pouvoir, et la rapidité du non-lieu (obtenu avant même le vote de la loi interprétative) soulèvent des questions sur l’indépendance de la magistrature. Un schéma classique des régimes autoritaires : nommer des juges complaisants pour verrouiller l’État .
Pastef et ses alliés ont menti par omission :
– Aucune mention du non-lieu durant les débats sur l’amnistie.
– Sonko n’a publié le document que après le rejet par le Conseil, prouvant qu’il agissait en stratège, non en leader transparent .
En cas d’échec de la loi, le régime pouvait :
– Accuser les institutions de partialité (On a essayé, mais la justice nous bloque).
Cette affaire s’ajoute à une série de scandales érodant la légitimité du pouvoir :
– La fausse dette publique : En 2024, le Premier ministre Sonko accuse Macky Sall de maquillage comptable, avant qu’un rapport de l’APR ne révèle des manipulations méthodologiques pour grossir artificiellement le déficit .
– La répression ciblée : Des chroniqueurs arrêtés, tandis que les proches du régime sont épargnés.
Le rejet de la loi interprétative est une victoire pour la démocratie sénégalaise, mais elle expose un pouvoir prêt à tordre les règles pour se protéger. Les Sénégalais découvrent, impuissants, que leurs dirigeants agissent en clan plutôt qu’en serviteurs de l’intérêt général.
La leçon ? La vigilance citoyenne et médiatique reste le dernier rempart contre les dérives autoritaires. Le Conseil constitutionnel a fait son travail ; aux sénégalais maintenant d’en tirer les conséquences.