Tous les partis et figures de proue de l’opposition sénégalaise ont décidé de s’unir et de faire front contre le nouveau régime, qui va célébrer le mois prochain son premier anniversaire.
Des personnalités de premier plan comme Moustapha Niasse (parti AFP), Aminata Mbengue Ndiaye (PS), Idrissa Seck (Rewmi), mais aussi Samba Sy (PIT), Landing Savané (AND-JEF), Amadou Ba (Nouvelle Responsabilité), Ababacar Khalifa Sall (Taxawu Sénégal), au total 71 partis, mouvements et autres rassemblements, avec des leaders historiques, des moins jeunes et des jeunes, se sont engagés.
Cette alliance politique d’envergure est baptisée : FDR (Front pour la défense de la démocratie et de la République), où se retrouvent des socialistes, des démocrates, des libéraux, des partis de gauche et d’idéologies diverses qui ont un seul but : résister contre les agressions que subissent la démocratie et l’État de droit depuis l’avènement de la troisième alternance.
Et les tendances qui persistent pour restreindre les libertés publiques de manifester, les harcèlements qui se traduisent par des convocations intempestives à la police ou au bureau du procureur de la République, avec des « mises en dépôt » qui brident la liberté des citoyens de manière excessive, etc., toutes actions qui menacent les valeurs démocratiques et républicaines.
Le FDR affirme vouloir résister au pouvoir pastéfien qui s’enlise dans une logique de règlement de comptes et de liquidation des libertés démocratiques.
Les nouveaux « frontistes » dénoncent les multiples condamnations de journalistes qu’ils jugent abusives.
Mais aussi les détentions d’opposants injustement poursuivis et/ou maintenus en prison à cause de leurs opinions.
Ils fustigent les actes posés par « une administration aux ordres » qui a fait démettre de ses fonctions le maire de Dakar « dans des conditions indignes d’un pays démocratique », le coup de force de Pastef qui s’est adjugé le 8ᵉ poste de vice-président de l’Assemblée nationale illégalement et la levée de l’immunité parlementaire d’un député sans que le pouvoir n’ait présenté aucun dossier l’incriminant.
Il y a ainsi un « dérèglement de la justice » qui est inquiétant.
À l’évidence, depuis bientôt un an de pouvoir, Pastef a particulièrement agacé les opposants qui ont choisi la riposte sur le terrain politique pour mobiliser l’opinion et les citoyens face à des dérives inadmissibles au Sénégal.
On constate donc une opposition qui sort de sa torpeur après ses défaites successives à la présidentielle de mars et aux législatives de novembre 2024 et qui a compris qu’il fallait s’organiser, s’unir, reprendre des forces et retrouver le ring politique.
Car le vainqueur traverse une passe difficile avec, notamment, les étudiants de l’UCAD qui se sont soulevés pour se faire payer leurs bourses après neuf mois d’attente (il s’agit spécifiquement de 4 000 étudiants en Master).
Des menaces de marches et de grèves se multiplient, le spectacle offert par des centaines de jeunes qui ont pris d’assaut les lieux d’inscription pour aller cueillir des oranges en Espagne, sans oublier les milliers qui continuent à risquer leur vie dans des pirogues pour traverser la Méditerranée, tout cela montre que le changement de régime ne suscite plus l’espoir d’un grand soir chez les jeunes.
Désabusés, ils pourraient être disponibles pour écouter un autre son de cloche que celui des casseroles.
Le moment est donc bien choisi par l’opposition pour lancer son offensive contre un régime face à des difficultés sérieuses, notamment financières.
Même s’il est vrai qu’aucune échéance électorale ne pointe dans un horizon proche.
Les opposants cherchent à se faire entendre avant les « festivités » du premier anniversaire de Pastef au pouvoir.
C’est de bonne guerre pour des opposants acculés qui ont intérêt à agir de concert pour faire échec au rouleau compresseur Pastef dont les leaders se croient tout permis.
Donner de la voix, c’est bien, élaborer un chronogramme pour mener des actions efficaces sur le terrain politique, dans toutes les régions, c’est beaucoup mieux.