Le M23 n’a pas respecté le cessez-le-feu qu’il avait décrété unilatéralement et a poursuivi son offensive pour achever la conquête de la ville de Goma.
Hier, les rebelles ont fêté leur victoire dans la ville en organisant un grand rassemblement public.
Et, malgré les interventions diplomatiques de l’ONU et de nombreux États africains et étrangers, suivies de manifestations populaires dans des pays occidentaux, notamment, le M23, soutenu par le Rwanda, poursuit son offensive.
Il a pris d’assaut la ville minière de Rubaya où le coltan, un minerai très recherché, est exploité. C’est une prise de guerre importante et ce sont bien ces trésors miniers qui expliquent la furie des rebelles.
Dorénavant, c’est la ville de Bukavu, où se trouvent l’aéroport régional et les troupes républicaines, qui est menacée.
Dans cette situation de tous les dangers, l’ONU, par la voix de son secrétaire général Antonio Guterres, ne ménage pas sa peine pour qu’un vrai cessez-le-feu soit instauré.
On dirait que c’est ce qu’essaie de retarder le plus longtemps possible le M23, qui cherche à pousser son avantage militaire.
Demain (samedi 8 février), la participation des présidents congolais Félix Tshisekedi et Paul Kagamé au double sommet de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et de l’EAC (Communauté est-africaine), prévu à Dar es Salam, en Tanzanie, sera un moment clé pour convaincre les deux leaders d’arrêter ce conflit meurtrier.
À l’heure actuelle, environ 3 000 personnes ont été tuées dans les combats et des centaines de milliers déplacées. Un désastre humanitaire de plus dans une zone en proie aux conflits sanglants et aux épidémies dévastatrices.
Une tragédie régionale continue de s’étendre et risque d’embraser les Grands Lacs, qui subissent une précarité paradoxalement attisée par leurs richesses fabuleuses et la misère endémique qui broie les populations.
Stopper l’hémorragie devrait être l’objectif numéro un des rencontres au sommet en Tanzanie ce week-end.
La présence de Kagamé et de Tshisekedi, mais aussi de leurs soutiens respectifs (l’Afrique du Sud, par exemple, a réaffirmé son soutien à la RDC), devrait permettre de sceller un accord de cessez-le-feu, suivi de l’organisation de négociations constructives.
Un bémol s’impose cependant, avec la volonté proclamée du M23 de marcher jusqu’à Kinshasa et le choix de Tshisekedi de lancer un mandat d’arrêt international contre le chef du M23, Corneille Nanga.
D’ici demain, la situation volatile pourrait encore évoluer.
L’éthique de responsabilité devrait pousser tous les chefs d’État présents aux sommets à parler d’une seule voix pour que la critique des armes cède la place aux armes de la critique.
Mais nul ne peut ignorer les énormes intérêts en jeu et les inimitiés profondes qui existent entre certains dirigeants des États de la région.
Et aussi les influences et ingérences étrangères qui minent (sans jeu de mots) ces territoires bénis des dieux et qui attirent aussi les démons.
Dar es Salam sera-t-il le rendez-vous de la Raison ?
Wait and see !