Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, est au cœur de l’actualité sénégalaise depuis une dizaine de jours.
Il a été déchu de son mandat parlementaire à la suite d’une demande du ministre de la Justice adressée au président de l’Assemblée nationale. Ce dernier a invoqué l’impératif d’une telle décision en raison de la condamnation définitive de Dias pour le meurtre de Ndiaga Diouf, survenu en 2011.
Demande reçue, demande exécutée, aussitôt !
Une révocation contestée
Dans la foulée, le préfet de Dakar est intervenu pour révoquer Barthélémy Dias de son poste de maire de Dakar, un mandat obtenu par élection au suffrage universel direct, dans le cadre d’une coalition électorale incluant le parti Pastef, en 2022.
Tous ces événements se sont déroulés entre le 6 et le 11 décembre 2024.
Depuis, les forces de police empêchent Dias d’entrer dans les locaux de l’hôtel de ville de Dakar, que ce soit pour accéder à son bureau ou pour organiser des conférences de presse. Cette situation a été dénoncée par des opposants ainsi que par de nombreux membres de la société civile, qui appellent à la neutralité des forces de sécurité jusqu’à ce que la cour d’appel se prononce sur le recours déposé par Dias.
La date du 31 décembre a été fixée par ladite cour pour rendre son verdict.
Des accusations de harcèlement
Fait curieux : les autorités, accusées de harcèlement, ont publié un communiqué niant avoir empêché Dias d’accéder aux locaux de la mairie. Une déclaration difficile à croire, car les images de policiers forçant pacifiquement Dias et les journalistes à quitter les lieux ont été largement diffusées. Et cela, à plusieurs reprises.
Cependant, hier, Barthélémy Dias a pu tenir une réunion dans une annexe de la mairie. Serait-ce le signe d’un début d’apaisement ? Peut-être, car la première adjointe de Dias, Mme Ngoné Mbengue, a été installée comme maire intérimaire de Dakar.
Un duel politique féroce
En attendant le verdict du 31 décembre, il apparaît que ces « soubresauts », qui alimentent les chroniques médiatiques, sont l’ombre portée d’une bataille politique entre Ousmane Sonko, Premier ministre et chef du parti Pastef, et Barthélémy Dias, opposant radical au nouveau pouvoir.
Ces deux figures politiques, autrefois alliées pour conquérir le leadership politique au Sénégal, sont désormais des rivaux acharnés. Leur affrontement, qualifié par certains de « Mortal Kombat », est sans merci. Barthélémy Dias, qui connaît intimement le fonctionnement de Pastef, n’hésite pas à porter des coups qui ébranlent ses anciens alliés.
Une lutte pour la mairie de Dakar
L’enjeu est de taille : le contrôle de la mairie de Dakar, dotée d’un budget de 50 milliards de FCFA, ainsi que la présence à l’Assemblée nationale. Ces positions stratégiques renforcent l’influence de Dias, qui a su se faire une place parmi les figures politiques les plus efficaces et crédibles du pays.
Toutefois, la situation est délicate pour Dias. Ses adversaires disposent d’atouts non négligeables pour le contrer.
Le 31 décembre sera une date cruciale pour lui, alors qu’il joue son va-tout. Mais, même en cas de défaite judiciaire, son avenir politique reste ouvert. La mairie de Dakar demeure encore entre les mains de sa formation politique, TAXAWU.
Cependant, si Barthélémy Dias perd son recours, Pastef pourrait revenir à la charge contre la nouvelle maire intérimaire.
Affaire à suivre !