La participation a été faible, l’euphorie n’a pas été au rendez-vous, mais le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a réussi son pari.
Son parti a gagné, haut la main, les législatives anticipées provoquées par lui et validées par le président Bassirou Diomaye Faye.
En attendant les chiffres officiels, on peut affirmer qu’il s’agit d’une victoire éclatante qui va donner à Pastef une très large majorité à l’Assemblée nationale.
D’ailleurs, les leaders de l’opposition lui ont tous adressé leurs félicitations, reconnaissant par-là même leur défaite.
Tout laisse croire qu’il devrait atteindre la majorité qualifiée et pouvoir ainsi agir en total contrôle pour faire passer les lois qu’il déciderait de soumettre à la représentation nationale.
Comment expliquer ce nouveau succès de Pastef ?
Par le fait que Pastef a dopé les électeurs au populisme (toutes sortes de fake news ont circulé sur les réseaux sociaux et ont atteint les cibles que sont les personnes en proie à l’obscurantisme, l’analphabétisme et la pauvreté, entre autres handicaps qui font obstacle à l’esprit critique).
Il y a aussi la volonté de revanche et de vengeance mise en exergue par Sonko, qui n’a eu de cesse, pendant toute la campagne électorale, de menacer les dignitaires de l’ancien régime.
Y compris les ministres, pour qui il a annoncé qu’il allait mettre sur pied une cour de justice, seule à même de pouvoir les juger.
Le paradoxe (mais Sonko n’a jamais pris en compte ce « détail ») est qu’il a fait appel à ces ministres qu’il voue aux gémonies, pour qu’ils le rejoignent et l’aident à gagner les élections.
Ces derniers ont massivement « transhumé » pour rejoindre Pastef.
Que fera-t-il d’eux maintenant ? S’il les absout, restera-t-il encore des ministres à traduire en justice ?
Mais Sonko, le prestidigitateur, trouvera certainement une « ordonnance de pastilles Valda » pour faire passer la couleuvre à ses militants-talibés.
L’après-législatives : un tournant décisif
Avec cette parenthèse des législatives qui se ferme, l’alternance entre Macky Sall et Ousmane Sonko commence vraiment.
Ce dernier a toutes les manettes, avec Diomaye Faye, pour mettre en œuvre leur projet fantôme rebaptisé « Plan Sénégal 2050 », qui est un plagiat du « Plan Sénégal Émergent », révélant une nouvelle arnaque pastéfienne qui a aussi fait mouche.
On ne change pas une stratégie fake news qui gagne, n’est-ce pas ?
Quid de la situation économique qui se détériore, du FMI qui donne rendez-vous au mois de juin 2025 pour examiner le dossier du Sénégal ?
Et de la nouvelle spirale de l’endettement par eurobonds et autres emprunts sur les marchés, de milliards pour faire face aux dépenses de l’État ?
Les législatives clarifient la situation politique et mettent le duo Sonko/Diomaye face à ses responsabilités.
Il n’y a plus de prétextes. Ils ont les pleins pouvoirs pour travailler librement.
À l’évidence, un nouveau Premier ministre devrait être nommé si Sonko choisit le Perchoir.
Et donc, un remaniement ministériel devrait suivre.
Peut-être une bonne occasion pour recalibrer l’attelage gouvernemental où de nombreuses lacunes ont été constatées.
Pour qu’enfin le pays se mette au travail, en attendant la prochaine campagne pour les élections locales.
Dans deux ans !