Ce jeudi 14 novembre, à 6h45, trois conteneurs de 20 pieds d’équipements militaires ont été livrés à Dakar. Ces conteneurs, contenant des matériels de type AGL (apparemment des armes ou équipements de protection spécifiques), ont été débarqués à l’aéroport Léopold Sédar Senghor et immédiatement escortés par le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) vers leur nouvelle base à Dakar. Cette dernière, installée dans les anciens locaux de Servair, a été rénovée et réaménagée pour accueillir l’unité d’élite, dont les effectifs et la logistique ont récemment été fortement renforcés sous l’égide du Général Moussa Fall.
Ces nouveaux équipements soulèvent de nombreuses questions à l’approche des élections. Dans un contexte politique déjà tendu, certains observateurs craignent qu’ils puissent être utilisés pour contenir d’éventuelles manifestations populaires. Cette crainte est alimentée par les relations particulières entre le chef du PASTEF, Ousmane Sonko, et le Général Birame Diop, ministre des Forces armées. Ce dernier, bien qu’officiellement ministre, continue de maintenir un contrôle ferme sur la gendarmerie nationale, dont le Haut Commandant est théoriquement sous la tutelle technique du ministre mais relève directement du Président de la République.
Une gendarmerie sous influence ?
Selon plusieurs sources, le Général Diop exercerait un contrôle rigoureux sur la gendarmerie. Ses directives se feraient sentir jusqu’au contenu des discours du Haut Commandant de la gendarmerie, qui doivent être approuvés avant d’être prononcés. Cette influence soulève des interrogations : la gendarmerie est-elle utilisée pour soutenir les intérêts de Sonko, dont les relations avec Diop semblent bien plus cordiales qu’avec d’autres responsables sécuritaires ?
Des incidents récents viennent alimenter ces soupçons. À Bakel, la gendarmerie a procédé à l’arrestation de Bougane Gueye Dany, un acteur politique influent, et à Ourossogui, le cortège de l’ancien ministre Thierno Alassane Sall a été bloqué, tandis que des membres locaux du PASTEF circulaient sans entrave. Cette gestion des mouvements de figures politiques renforce les soupçons d’un potentiel favoritisme au profit de Sonko et de son parti, le PASTEF.
Une stratégie en préparation pour les élections ?
À quelques mois des élections, l’arrivée de ces équipements militaires et l’attitude de la gendarmerie face à certains opposants politiques suscitent des inquiétudes. Certains analystes redoutent un possible scénario de violences post-électorales, si les résultats du scrutin venaient à être contestés par le PASTEF. En effet, Sonko a récemment pris pour cible les ministres de l’Intérieur et de la Justice dans ses discours, épargnant toutefois le Général Birame Diop, originaire comme lui de Thiès. Cette retenue à l’égard de Diop est perçue par certains comme une indication de relations de complaisance, voire de connivence, entre les deux hommes.
Quel rôle pour le GIGN dans ce climat tendu ?
Avec la montée en puissance de l’unité d’élite du GIGN, certains se demandent si cette force pourrait être appelée à intervenir en cas de manifestations ou de tensions liées aux élections. Cette unité, qui a joué un rôle clé dans la gestion des émeutes passées au Sénégal, est désormais mieux équipée et renforcée. La question reste posée : le GIGN se tiendra-t-il en position d’arbitre neutre, ou sera-t-il mobilisé pour des opérations répressives en cas de troubles post-électoraux ?
Les prochains mois s’annoncent critiques. Alors que le Sénégal se prépare pour un scrutin qui pourrait s’avérer décisif, les relations entre Ousmane Sonko, le Général Birame Diop, et la gendarmerie nationale sont scrutées de près. AC continuera de suivre cette affaire de près et reviendra avec des informations exclusives sur cette livraison de matériel militaire et les liens qui se tissent entre le PASTEF et la gendarmerie.