Après sa victoire éclatante, et dont l’ampleur continue de surprendre, l’ex-45e et nouveau 47e président des USA prépare son entrée en fonction, en commençant à choisir les membres de son cabinet.
Mme Susie Wiles est nommée secrétaire générale de la Maison Blanche, Mme Elise Stefanik, ambassadrice à l’ONU, et Thomas Homan, à la tête de l’ICE (l’agence chargée du contrôle de l’immigration).
Ce dernier va donc piloter le « programme de déportation massive d’immigrés clandestins », qui est une promesse du candidat Trump.
Cette question et celle de l’augmentation massive des droits de douane sur les produits importés devraient être un marqueur essentiel du second mandat de Trump.
Avec une majorité au Congrès, Sénat et Chambre des représentants compris, Trump devrait être en position de force pour mettre en œuvre son programme ultraconservateur, protectionniste et isolationniste.
Prix Nobel et économistes réputés ont averti les Américains sur les risques de crise économique mondiale que l’application d’un tel programme comporte ; les citoyens-électeurs ne les ont pas suivis.
Ils ont voté Trump et sont donc prêts à accepter la politique qu’il a annoncée et défendue.
La guerre du pétrole et contre les restrictions environnementales est aussi à l’ordre du jour, avec l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, par le « fracking » que Trump encourage.
Il a déclaré la guerre commerciale à la Chine avec des droits de douane de 200 %, mais aussi à l’Union européenne, dont certains produits seraient taxés à 20 % ou plus.
Mais une chose est de faire des promesses de campagne va-t-en-guerre, une autre est de les respecter et de subir, en conséquence, la riposte des autres États impactés.
Première puissance mondiale, à la fois économique et militaire, les USA n’en sont pas moins dépendants du commerce mondial.
La crise sanitaire de la Covid a montré cette faiblesse criarde que Trump a raison de vouloir corriger, en favorisant la réimplantation de certaines industries américaines délocalisées.
Mais les raisons économiques de cette délocalisation ont-elles disparu ? Rien n’est moins sûr, car le prix de la main-d’œuvre reste beaucoup moins cher en Chine, par exemple.
Et puis l’Amérique a aussi besoin d’exporter ses produits dans le monde entier, donc en Chine, dont la taille du marché est l’une des plus grandes, avec celle de l’Inde et de l’Union européenne.
Une guerre commerciale planétaire serait-elle à l’avantage des USA ? Ne causerait-elle pas une inflation destructrice, une récession et un chômage catastrophiques ?
Les USA, aujourd’hui, à l’ère du numérique, avec le contrôle qu’ils exercent, par le biais des GAFA, ont-ils vraiment intérêt à provoquer un tel séisme ? Même s’ils ont aussi l’exclusivité sur le dollar, utilisé très majoritairement dans les transactions commerciales mondiales.
L’un des grands conseillers et donateurs de sa campagne, Elon Musk, va-t-il apporter une touche de modération ?
Trump lui a promis un poste.
Le programme menaçant de Trump pourrait-il être, avant tout, une arme politico-commerciale pour obtenir des assouplissements importants de la part des futurs interlocuteurs chinois et européens ?
Il faut souhaiter un compromis (Trump est un homme d’affaires qui a ses billes dans de nombreux pays) qui pourrait être négocié et conclu.
Le futur nouveau locataire de la Maison Blanche a du pain sur la planche et semble d’attaque pour entamer son deuxième mandat, qui sera aussi le dernier.
Ce qui lui donne encore plus de liberté d’action pour renforcer la mainmise conservatrice sur l’échiquier politique américain.
Avec une majorité (6 sur 9) de juges de droite à la Cour suprême, qui vont favoriser l’agenda conservateur adoubé par les électeurs.
Certains parmi eux pourraient très vite regretter leur choix, mais devront prendre leur mal en patience jusqu’aux élections de mi-mandat, au plus tôt, pour espérer un éventuel changement. Si les rigueurs de la politique trumpiste remobilisent l’opposition.
De ce point de vue, le fait que l’écart des votants entre Joe Biden, lors de sa victoire contre Trump en 2020, et Kamala Harris, soit de 10 millions d’électeurs, est une énigme.
Surtout que l’électorat de Trump, même s’il a fait des percées chez les minorités latino et noire, a certes évolué positivement, mais en restant toujours dans les environs, pour ainsi dire, des 74 millions.
En effet, Harris a obtenu environ un peu plus de 70 millions de voix, soit 10 millions de moins que Biden, qui en avait engrangé plus de 80 millions.
Cet écart de voix signe la défaite des démocrates qui devront faire une introspection, dans le cadre général d’une remise en cause des choix thématiques de campagne, du choix des candidatures (dans ce cas le renoncement tardif de Biden est à blâmer), et le parti doit aller à la rencontre des jeunes, toutes communautés confondues, pour impulser un renouveau impératif.
Le succès de Trump doit être passé au peigne fin, de manière réaliste. Les démocrates ont intérêt à retrouver les couches populaires, les déclassés de la mondialisation, pour mettre en musique un discours fédérateur qui cible des réponses concrètes aux difficultés que vivent les populations.
La politique est l’art du réel.