Le lundi 4 novembre, Mamadou Moustapha Ba, figure éminente dans le monde des finances africaines, s’est éteint en France après une longue bataille contre la maladie. Cet ancien ministre respecté au Sénégal, apprécié pour sa rigueur professionnelle et son intégrité, laisse derrière lui une carrière marquée par des réalisations qui ont transcendé les frontières nationales. Mais, pour beaucoup de Sénégalais, le poids de certaines accusations pourrait avoir accéléré sa fin.

Ousmane Sonko et les accusations publiques

Quelques mois avant sa disparition, Moustapha Ba a été pris pour cible par le Premier ministre Ousmane Sonko lors d’une déclaration télévisée qui a choqué le pays. Sonko l’a accusé, en des termes virulents, de détournements et de malversations, le qualifiant publiquement de “voleur” et de “menteur”. Ces accusations, lancées en pleine crise politique, ont été perçues par certains comme un coup fatal porté à l’honneur de Moustapha Ba. Pour un homme d’une probité telle que celle de Ba, ces mots ont touché à sa dignité. Selon des sources proches, les effets de ces accusations l’ont profondément affecté sur le plan psychologique, ajoutant une pression émotionnelle supplémentaire à sa lutte contre la maladie.

Un collaborateur qui l’a trahi : Pape Oumar Diallo

Moustapha Ba a également vécu une autre épreuve amère : la trahison de son propre bras droit, Pape Oumar Diallo. Anciennement membre du parti PASTEF, Diallo s’était éloigné de ses anciens camarades de manière abrupte, coupant tout lien et manifestant publiquement son allégeance à des intérêts divergents. Diallo, dont les liens de loyauté avec Moustapha Ba étaient pourtant connus, a fini par choisir ses ambitions personnelles, espérant conserver son poste à tout prix, même au détriment de l’homme qui avait placé en lui toute sa confiance.

Diallo était également cité dans des scandales fonciers, plongeant Moustapha Ba dans des situations inconfortables, lui qui s’était toujours efforcé de maintenir une image de probité. Pire encore, malgré des avertissements multiples de personnes de son entourage, Moustapha Ba a continué à placer sa foi en Diallo, restant aveugle à cette trahison.

Des tensions qui ont épuisé Moustapha Ba

Entre les accusations de Sonko et les manœuvres douteuses de Diallo, Moustapha Ba s’est retrouvé pris dans un tourbillon de pressions politiques et personnelles. Plusieurs témoignages révèlent qu’il a eu de nombreux entretiens tendus avec Sonko et d’autres membres influents de la coalition politique. Épuisé par ces affrontements et touché dans son honneur, il aurait préféré s’exiler au Canada, en quête de paix et de soins. En dépit de cela, il se rendait régulièrement à Grenoble pour son traitement d’une insuffisance rénale qui le rongeait depuis quatre ans.

Un honneur sali, une dignité piétinée

Pour cet homme de valeurs, descendant de Maba Diakhou Bâ et digne héritier d’une tradition de droiture, les accusations de Sonko et la trahison de Diallo ont été des blessures ouvertes. Moustapha Ba a dû faire face non seulement aux doutes que l’opinion publique a pu entretenir suite aux propos du Premier ministre, mais également à la désillusion infligée par l’un de ses plus proches collaborateurs. Les pressions insoutenables, les accusations et la trahison lui ont asséné des coups durs qui, au final, ont contribué à accélérer son déclin.

La mémoire d’un homme sali

Aujourd’hui, le décès de Mamadou Moustapha Ba invite à réfléchir sur l’impact des luttes politiques, et sur les répercussions humaines que peuvent avoir de simples mots, surtout lorsqu’ils sont prononcés par ceux qui occupent des postes d’influence. Ba était une figure intègre, un homme qui, malgré la tempête, a gardé son honneur, même lorsque ses propres amis l’ont trahi. En cette heure de deuil, il revient à la nation sénégalaise de lui rendre hommage et de préserver la mémoire d’un homme dont le seul tort aura été de croire en la loyauté de ses collaborateurs et en la justice de ceux qui gouvernent.