Pour comprendre les relations entre Ousmane SONKO et le MFDC, il faut remonter jusqu’aux événements de mars 2021.

Poursuivi dans l’affaire Adji SARR, le leader de Pastef avait décidé de vendre sa peau très chère. Lors d’une conférence de presse, il dira : “J’ai maintenant l’allumette qui me permet de brûler le Sénégal.”

Ousmane Sonko venait de signer un pacte avec des jeunes originaires du sud, dont certains sont du MFDC.

Il est passé par des intermédiaires à Bignona et à Ziguinchor pour recruter des jeunes pour son combat au Sénégal. Ces jeunes avaient pour mission de mettre le feu à Dakar et de tirer sur les foules à balles réelles pour ensuite accuser les forces de l’ordre. Voilà pourquoi, à chaque rassemblement, même d’une dizaine de personnes, on comptait des cas de décès par balle, pour la plupart.

C’est lorsque Ousmane Sonko a été envoyé en prison que les manifestations et les meurtres isolés ont cessé.

Même si aujourd’hui, les responsables de Pastef sont nommés à des postes de responsabilité au sein du gouvernement et des directions générales, le mérite revient aux jeunes de la Casamance qui avaient porté le combat dans la capitale. Les jeunes de Pastef n’étaient pas actifs dans les combats violents sur le terrain. Ils étaient plutôt visibles sur les réseaux sociaux. Mais la majeure partie des jeunes qui affrontaient les forces de l’ordre venaient du sud.

Après l’arrestation de Ousmane Sonko, tous les jeunes sont retournés au sud, même si d’autres ont préféré rester à Dakar. La DIC et la Section des recherches n’ont pu arrêter que les jeunes activistes de Pastef qui étaient sur les réseaux sociaux et quelques personnes contaminées par la fièvre des manifestations. Mais les troupes au sol étaient venues de la Casamance.

Les jeunes morts par balle ont été tués par des gens en embuscade qui tiraient sur les foules. “Macky Sall va se salir les mains avant de m’arrêter”, avait menacé Ousmane Sonko. En tenant ces propos, il savait qu’il y aurait des séries de meurtres à chaque manifestation qu’il appelait. La stratégie pour lui était d’organiser des manifestations rapprochées pour provoquer des morts et ensuite accuser le pouvoir, surtout le Général Moussa FALL. Or, les assassins étaient recrutés, transportés, hébergés, nourris et armés à cet effet par Sonko. Les autopsies réalisées sur certains cadavres ont prouvé que les décès étaient provoqués avec des armes délivrées à des privés que ni la gendarmerie ni la police sénégalaise n’utilisent.

 

Maintenant qu’Ousmane Sonko est arrivé au pouvoir, ces combattants jadis venus de Ziguinchor et de Bignona exigent leur part du gâteau. Sonko est aujourd’hui exposé à la pression de ces membres du MFDC et des recruteurs qui veulent eux aussi être récompensés.

Lorsqu’il disait : “Macky Sall n’aime pas les Diolas ni la Casamance”, Ousmane Sonko voulait galvaniser ces jeunes combattants positionnés à Dakar, qu’il promettait de récompenser une fois au pouvoir. 

 

DEMANDER À L’ARMÉE SÉNÉGALESE DE QUITTER SES POSITIONS ACTUELLES

Si certains jeunes et leurs recruteurs exigent des financements ou des postes (pour ceux qui ont fait des études), l’aile militaire exige le départ de l’armée sénégalaise de certaines localités.

Certains caciques du MFDC veulent reprendre leurs positions pour relancer leurs activités agricoles de production de chanvre indien, d’autres cherchent à reprendre leur combat politique pour l’indépendance.

Ces revendications concernent deux étapes majeures :

 

  1. La victoire de l’armée sénégalaise en mars 2022

 

Le 22 mars 2022, la DIRPA avait publié un communiqué sur ses opérations de sécurisation en zone militaire numéro 8. La DIRPA nous apprend que « depuis le 13 mars 2022, les Armées conduisent une grande opération de démantèlement de la faction MFDC de Salif SADIO, menant des activités criminelles de grande envergure centrées sur la culture du chanvre indien à très grande échelle et la coupe et le trafic illicites de bois, le long de la frontière, dans le nord Sindian ». Selon toujours la DIRPA, « à la date du 22 mars 2022, les Armées ont totalement détruit ou occupé les bases rebelles Bakingaye, Djilanfale, Guikess, Katama, Katinoro, Karounor, Tampindo/Kanfounda et Younor. La perte d’un soldat est à déplorer et huit blessés légers ont été enregistrés ». La Direction de l’information de l’armée a indiqué que « durant cette opération, plusieurs rebelles ont été tués, dont certains dans leurs bunkers et d’autres ont pris la fuite, abandonnant précipitamment une importante quantité d’armes et de munitions de guerre, des matériels divers et surtout des véhicules volés et gardés depuis plusieurs années. Ces bandes criminelles en déroute seront traquées jusqu’à leurs derniers retranchements, à l’intérieur du territoire national et partout ailleurs ».

En outre, la DIRPA dira que « les Armées poursuivront à tout prix leurs opérations de sécurisation, avec la même détermination, conformément à leur mission régalienne de préservation de l’intégrité du territoire national. Elles rassurent les populations et savent pouvoir compter sur leur entière collaboration pour dissuader toute forme d’exaction ou d’atteinte à la libre circulation des personnes et des biens ».

Cette belle victoire est l’œuvre du Général Kande, dont la tête est réclamée par les rebelles ainsi que celle de ses proches dans l’armée.

Ce serait une haute trahison que de demander aux militaires de quitter leur position pour permettre aux troupes de Salif Sadio de reprendre leurs bases au nord Sindian.

  1. Les exigences du MFDC lors du congrès de 1999 à Banjul

 

Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est que le MFDC n’existe plus en tant que force militaire. Tous les leaders, comme Salif Sadio et César Attoute Badiatt, sont vaincus. À l’exception de l’idéologie indépendantiste toujours ancrée dans l’esprit des générations.

Jusqu’en mars 2024, l’aile militaire du MFDC n’existait plus. L’autre précision à faire, c’est que le mouvement rebelle a éclaté en plusieurs groupes éparpillés dans les villages, surtout dans la zone de Bignona. Même si Salif Sadio, de l’aile nord (vers la Gambie), et César Attoute, de l’aile sud (Guinée-Bissau), sont les deux figures les plus connues, il existe aussi d’autres groupes dissidents. Toutefois, chaque groupe est prêt à monnayer ses forces car ils ont des difficultés qui les poussent à faire des braquages sur les routes.

Mais la principale demande de l’ensemble des groupes du mouvement, c’est le départ de l’armée de leurs bases. Ils avaient formulé cette demande sur un document officiel signé à Banjul. Ousmane Sonko semble aller dans cette direction en limogeant d’abord le Général Kande, dont les hommes occupent sept bases de Salif Sadio.

Déjà en 1999, l’Armée sénégalaise avait repris plusieurs bases rebelles. En 2024, le MFDC a perdu toutes ses bases et ses forces. L’arrivée de SONKO au pouvoir relance les revendications du mouvement rebelle couchées sur un document officiel.

QUE DIT LE DOCUMENT DU MFDC DE 1999 ?

Ce document est remis à tous les cadres originaires de la Casamance, qu’ils soient à Dakar, dans une autre région du pays ou à l’extérieur du Sénégal.

À la page 2, le document qualifie l’armée sénégalaise “d’armée d’occupation”. C’est la raison pour laquelle le Général KANDE ne pouvait pas rester à son poste aux yeux de Ousmane Sonko et des ténors du Mouvement. Parce que le Général Kande est un soldat d’une “armée d’occupation”. “Le Congrès dénonce les manœuvres de déstabilisation entreprises par l’armée d’occupation sénégalaise”, dit le document.

Par ailleurs, “le Congrès exige des autorités sénégalaises le retrait immédiat de toutes les forces militaires et paramilitaires en Casamance”, poursuit le document. Cette exigence est en cours de planification, car le départ du Général KANDE était un préalable. L’armée sénégalaise va quitter la Casamance sur la demande de Ousmane Sonko. Selon le MFDC, “le maintien des seuls camps militaires dont la création est antérieure au 25 décembre 1979 et la fermeture immédiate des camps et cantonnements créés après cette date”. Le MFDC exige aussi “le non-renforcement des effectifs de l’armée sénégalaise en Casamance”.

Ce congrès de 1999 était organisé en Gambie sous le règne de Yahya Jammeh, dont l’un des gardes du corps était dans l’entourage de Ousmane Sonko.

L’intégrité territoriale du Sénégal est menacée par Ousmane Sonko, dont l’unique ambition est de ressusciter le MFDC pour en faire son bras armé pour ses prochaines batailles politiques.

Il revient alors au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, au ministre des Forces armées et à l’armée sénégalaise de prendre leurs responsabilités avant que le Sénégal ne connaisse le sort du Soudan.