Ceux qui disent ironiquement que Ousmane Sonko est à la fois Premier ministre, Procureur de la République, ministre de la Justice et juge d’instruction ne croient pas si bien dire.

Les convocations de Bougane Gueye Dani et de Yerim Seck n’ont pas encore révélé tous leurs secrets. Nous venons d’apprendre que c’est le Premier ministre Ousmane Sonko en personne qui, après avoir suivi les interventions de Bougane Gueye et de Yerim Seck, aurait directement appelé le nouveau chef de la Division de Cybersécurité, le Commissaire de Police Pape Mamadou Djidiack Faye, pour lui demander de convoquer et d’interroger Yerim Seck et le leader de Gueum Sa Bopp.

Ousmane Sonko s’est arrangé pour obtenir les numéros directs des patrons de la police et de la gendarmerie. Il passe par-dessus la tête du ministre de l’Intérieur et du haut commandant de la gendarmerie pour donner des instructions à leurs subordonnés.

C’est ainsi que le commissaire Mamadou Djidiack Faye, sans en informer ses supérieurs, a instruit les dossiers. Voilà pourquoi il n’y a jamais eu d’auto-saisine du parquet, ni de plainte du Premier ministre, encore moins du ministre de la Justice. L’ordre verbal est venu directement du chef du gouvernement. D’ailleurs, les enquêteurs ont fait comprendre aux avocats qu’il n’y avait pas eu de plainte. Ils ont reçu un ordre.

Et naturellement, après leur interrogatoire, le dernier mot revenait au Procureur de la République pour décider de leur placement sous mandat de dépôt ou du classement sans suite des dossiers. Ne s’étant pas auto-saisi, le procureur s’est tout simplement dissocié de ces affaires en classant les dossiers sans suite. Il a ainsi montré toute son indépendance face à ces décisions politiques qui risquaient d’entacher sa réputation. Le ministre de la Justice a accepté de suivre le parquet en s’opposant aux manœuvres malveillantes de Sonko.

Au terme des interrogatoires, les procès-verbaux ont été envoyés directement au ministre Ousmane Diagne, au Procureur de la République Monsieur Ndoye, et à Ousmane Sonko. Finalement, le procureur Monsieur Ndoye a pris la responsabilité de relaxer les prévenus, contre la volonté d’Ousmane Sonko, désavoué.

Au niveau de l’aéroport également, nous avons appris que les ordres d’interdiction de sortie du territoire appliqués à certaines personnes relèvent d’une instruction de Ousmane Sonko, qui force ainsi la main au général Jean Baptiste Tine. Celui-ci obéit aux ordres politiques de Sonko comme n’importe quel militant de Pastef.

Selon des sources bien informées, le général Tine est mis mal à l’aise par Sonko depuis la crise déclenchée avec l’Église, mais aussi à cause de ses décisions mal réfléchies sur le processus électoral, sur le dialogue avec l’opposition et sur les interdictions de sortie.