En Afrique centrale, toutes les manipulations sont bonnes pour se maintenir au pouvoir. Kagamé et Sassou Nguesso ont refusé de respecter la limite constitutionnelle des deux mandats et ont fait organiser des referendums pour pouvoir briguer un troisième mandat.
Elections truquées en perspective ?
Ils vont donc ainsi rester au pouvoir car nul ne peut imaginer qu’ils ne truquent pas les élections pour gagner coûte que coûte.
Joseph Kabila au Congo démocratique n’a pas la même emprise sur son pays que ses deux aînés. Mais il n’en pense pas moins et cherche à s’accrocher à son fauteuil. Il a pour sa part décidé de jouer la montre. Son deuxième et dernier mandat prend fin cette année et un scrutin présidentiel doit donc être organisé avant la fin de l’année. Mais au préalable une révision des listes électorales s’impose pour intégrer entre neuf et onze millions d’électeurs et en radier plus d’un million.
Processus retardé
A l’évidence un tel travail demande du temps et des moyens. Le président Kabila et son gouvernement sont parfaitement au fait des échéances constitutionnelles et prendre les mesures nécessaires pour leur faire face va de soi. Cette option démocratique n’a jamais été celle du président congolais élu en 2006 puis réélu en 2011. Joseph Kabila a jusqu’ici louvoyé et agi en coulisses pour retarder le processus. En réalité, le président de RDC veut un troisième mandat mais n’ose pas le dire clairement, et encore moins engager un bras de fer avec l’oppostion voire la communauté internationale.
L’aide de cette dernière est nécessaire pour l’organisation de tout scrutin national en RDC du fait de l’immensité du pays et des problèmes d’insécurité qui se posent dans plusieurs régions où sévissent des rebelles. Par ailleurs la communauté internationale dont les soldats sont présents sur le territoire garantit la crédibilité des élections par la présence d’observateurs sérieux et en nombre suffisant en plus d’une aide logistique indispensable.
Joseph Kabila joue aussi sur ce plan car la communauté internationale exige,elle aussi,la révision des listes électorales avant la tenue du scrutin présidentiel.
Casse-tête électoral
A l’heure actuelle, le Congo démocratique est face à ce casse-tête : nécessité de respecter la limitation des mandats et donc d’organiser la présidentielle avant la fin de l’année mais aussi l’impératif de réviser les listés électorales pour des élections dignes de ce nom.
Comment satisfaire ces exigences dans les huit mois qui restent si on considére le délai constitutionnel ?
Le président de la commission électorale Corneille Nanga vient de faire une sortie qui risque de créer davantage de tension dans le payx en suggérant l’organisation de l’élection sans la révision des listes électorales. Ce serait à son avis le seul moyen de respecter le délai constitutionnel. Corneille Nanga est pourtant conscient qu’une telle éventualité est rejetée et par les opposants et par les partenaires internationaux. Son souhait véritable semble être le report du scrutin de quelques mois voire d’une année, proposition déjà faite par les partisans du président Kabila pour lui permettre de prolonger sa présence à la tête du pays.
Du reste, le régime a jusqu’ici multiplié les manipulations et les atermoiements pour gagner du temps.
Gagner du temps
La commission électorale n’a lancé l’appel d’offres pour acquérir le matériel nécessaire pour la révision des listes électorales qu’au mois de février dernier et vient de verser quarante millions de dollars sur un total dû de deux cents millions.
Manifestement il y a volonté de jouer la montre, d’autant quand on sait le besoin affirmé de la Commission d’au moins un an pour boucler le processus de révision.
Le régime de RDC louvoie et se hâte lentement pour prendre les mesures idoines pour l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes en temps et en heure.
Les partenaires de la République Démocratique du Congo poussent Joseph Kabila à respecter ses obligations constitutionnelles pour que les listes soient révisées et la présidentielle tenue avant la fin de l’année. Les opposants congolais sont sur la même longueur d’ondes démocrates.
Se conformer à la légalité constitutionnelle
Le président Kabila va devoir prendre son courage à deux mains pour se conformer à la légalité constitutionnelle. S’il y consent finalement ou y est contraint, ce serait une exception en Afrique Centrale – avec le cas très récent de la république centrafricaine où une élection présidentielle apaisée a pu être organisée, dans des conditions certes limites.
La tentation de la fuite en avant demeure cependant. Ses conséquences seraient désastreuses pour un pays encore fragile où la paix sociale n’est pas consolidée. Joseph Kabila jouerait ainsi avec le feu. A ses risques et périls.